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La ruée des Belges dans les supermarchés français fragilise les distributeurs

Face à la concurrence des grandes surfaces étrangères, françaises surtout, le secteur belge de la distribution ne pourra plus résister très longtemps, prophétise Dominique Michel, le directeur de Comeos, fédération belge du commerce et des services. Confrontés à une très nette hausse des prix, les consommateurs du royaume n’ont jamais autant acheté dans l’Hexagone voisin. Pour l’alimentaire, ils ont dépensé 1,7 milliard d’euros en l’espace d’une année, soit une augmentation de 40 % par rapport à 2019, se lamente M. Michel.

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Dans trois provinces de Wallonie limitrophes de la France (le Hainaut, Namur et Luxembourg), la hausse atteint même 83 %. Et, comme près d’un Wallon sur trois habite à moins de 20 kilomètres de la frontière, il est probable que la ruée vers les supermarchés français de clients effarés par la différence des prix ne s’arrêtera pas.

Comeos estime ainsi que près de 40 % des Belges vont désormais faire leurs courses à l’étranger, en France surtout.

« 200 à 300 euros économisés chaque mois »

A Roncq, Villeneuve-d’Ascq ou Maubeuge, dans le département français du Nord, les images sont les mêmes : sur les parkings des grandes surfaces, les coffres des nombreuses voitures belges sont remplis de packs d’eau et de lait, de bidons de lessive, de conserves et de fromages. « Un marché ici, c’est de 200 à 300 euros économisés chaque mois », affirme Annie, rencontrée à l’hypermarché Auchan de Louvroil, près de Maubeuge. Elle habite à 35 kilomètres mais n’hésite plus à réaliser en France « de 80 % à 90 % » de ses achats. A côté, un couple débarque trois chariots, remplis exclusivement d’eau minérale. « 40 packs, c’est 100 euros dans ma poche. Incompréhensible… », explique Robert, qui habite Erquelinnes, à un jet de pierre, de l’autre côté de la frontière.

Un chariot de course hebdomadaire en France coûte, en moyenne, 9 % moins cher qu’en Belgique, 19 % si l’on se concentre sur les grandes marques. Et un comparatif entre les prix moyens d’une chaîne belge et d’une chaîne française indiquait, il y a quelques semaines, des différences de 27 % sur un nettoyant, 34,7 % sur des surgelés, 32,8 % sur un sachet de nourriture animale et 21,4 % sur un vin rouge.

La capacité des enseignes françaises à peser sur les producteurs et les marques ou les mesures prises par le gouvernement français pour contenir les prix de produits de base et de l’énergie expliquent cette différence. En partie seulement, car il y a d’autres facteurs, souligne le patron de Comeos.

Les coûts salariaux d’abord : « En Belgique, une caissière gagne 20 % de plus qu’en France. Et le système d’indexation automatique des salaires sur l’inflation a entraîné récemment une augmentation de ces derniers de 11 %, quand elle se limitait à 5 % chez nos voisins », affirme Dominique Michel. Les taxes ensuite : « Une taxation sur les plastiques nous a coûté 350 millions, un autre sur les emballages va s’élever à 60 millions. »

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