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Haut-Karabakh : des élus français dénoncent le « nettoyage ethnique » des Arméniens par l’Azerbaïdjan

La ministre des affaires étrangères, Catherine Colonna, et son homologue arménien, Ararat Mirzoian, lors d’une conférence de presse à Erevan, le 3 octobre 2023.

« Nettoyage », « épuration », « génocide » : depuis plusieurs jours, plusieurs parlementaires français dénoncent l’exode forcé des Arméniens du Haut-Karabakh après la victoire éclair de l’Azerbaïdjan. Le gouvernement qualifie de son côté la situation de « drame » tout en martelant que « la France agit » pour régler cette crise.

Plus de 100 000 personnes, sur les 120 000 officiellement recensées par Erevan, ont fui cette enclave après l’offensive éclair de Bakou fin septembre, qui a pris le contrôle de ce territoire disputé avant même la chute de l’Union soviétique.

Pour la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, le Haut-Karabakh a été « vidé de l’intégralité de ses habitants ». « [Ils] viennent de tout perdre en quelques heures : leur maison, leur histoire, l’endroit où ils sont nés », a-t-elle déploré mardi sur RTL.

Dans un entretien au Figaro publié mardi, le président du Sénat, Gérard Larcher, a appelé à « être solidaire de l’Arménie et des Arméniens du Haut-Karabakh [qui] sont chassés d’une terre qui était la leur ».

A droite, le président de l’Association des maires de France, David Lisnard (Les Républicains), s’est indigné sur CNews et Europe 1 d’« une volonté (…) d’enlever les chrétiens » de cette région.

A gauche, le député européen Raphaël Glucksmann, proche du Parti socialiste, a estimé sur X (anciennement Twitter) que « l’Europe doit tout mettre en œuvre pour sanctuariser l’Arménie ». Mathilde Panot, présidente du groupe « insoumis » à l’Assemblée nationale, a demandé dans un courrier à la première ministre, Elisabeth Borne, d’expliquer devant le Parlement la « position de la France » sur ce conflit armé.

Accord en vue de livrer du matériel militaire à l’Arménie

D’autres, comme le sénateur écologiste Yannick Jadot et la députée socialiste Christine Pires-Beaune, ont même avancé le terme de « génocide », lourd de sens dans ce pays du Caucase traumatisé par le massacre de sa population par l’empire ottoman il y a plus d’un siècle.

Le député Renaissance Guillaume Kasbarian, lui-même d’origine arménienne, met également en avant que « la France est le seul pays d’Europe qui s’exprime sur le sujet ». Parmi les chefs d’Etat, Emmanuel Macron « est le seul à mettre une telle pression pour obtenir des décisions européennes fortes », a-t-il assuré à l’Agence France-Presse.

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De son côté, le gouvernement se montre prudent dans son expression. Son porte-parole, Olivier Véran, a qualifié dimanche la situation de « drame humanitaire » et a de nouveau affirmé mercredi à l’issue du conseil des ministres que « la France est aux côtés des Arméniens dans ce drame que l’Arménie rencontre aujourd’hui ».

Elisabeth Borne elle-même, interpellée mardi par le député Jean-Louis Bourlanges (MoDem) sur « le nettoyage ethnique du Haut-Karabakh et ses dizaines de milliers de victimes », a répondu en soulignant « l’extrême gravité » de cet « exode massif et organisé ».

Au même moment, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, annonçait depuis Erevan « l’accord » de Paris pour de « futurs contrats » de livraison de matériel militaire.

Le président de la République ne s’est pas exprimé sur le sujet depuis son interview télévisée du 24 septembre, au cours de laquelle il s’était dit « très vigilant à l’intégrité territoriale de l’Arménie ». « On a aujourd’hui une Russie qui est complice de l’Azerbaïdjan, une Turquie qui a toujours été en soutien de ces manœuvres et un pouvoir qui est désinhibé et qui menace la frontière de l’Arménie », a-t-il précisé, après la victoire éclair de Bakou contre les séparatistes du Haut-Karabakh.

Le Monde avec AFP


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