La rédaction du Journal du dimanche (JDD) a reconduit massivement son mouvement de grève, mercredi 26 juillet, pour s’opposer à la nomination à sa tête de Geoffroy Lejeune, ancien directeur de la rédaction du magazine Valeurs actuelles. La rédaction a voté à 99 % en faveur de la reconduction du mouvement – 93 pour, un contre, sept qui ne se prononcent pas – et entame ainsi sa trente-quatrième journée de grève.
Dans un communiqué publié mercredi, la rédaction a « déploré la rupture des négociations » lundi avec la direction, qui ont achoppé sur des questions de « déontologie ». Si la nomination de Geoffroy Lejeune semble « non négociable du point de vue de Lagardère News », la rédaction souligne que cela ne l’a pas empêchée d’avancer ces dernières semaines sur « des conditions de départ satisfaisantes pour les journalistes qui ne souhaitent pas travailler » sous sa direction. « Assez vite la seule réponse de la direction a été de nous dire “si vous n’êtes pas contents, partez” », a expliqué à l’Agence France-Presse une journaliste du JDD.
Dans ce contexte, la rédaction a tenté de négocier de bonnes conditions de départ pour les volontaires, en particulier les plus précaires, tout en réclamant des garanties d’indépendance juridique et éditoriale pour ceux qui décideraient de rester, selon la même source. Mais la rédaction précise que la direction a « refusé de s’engager » dans une charte pour empêcher « toute publication de propos racistes, sexistes et homophobes et, plus généralement, de tout contenu discriminatif ou haineux ».
Mouvement de grève inédit
Arnaud Lagardère a, de son côté, évoqué mardi, lors de la publication des résultats du groupe, la possibilité pour les journalistes en désaccord avec l’arrivée de Geoffroy Lejeune à la tête du journal de partir avec des indemnités grâce à un dispositif prévu par la loi en cas de changement de propriétaire d’un média. Mais ce dispositif ne sera mis en place qu’à l’automne, lors de la finalisation de la prise de contrôle de Lagardère par le géant français des médias Vivendi, piloté par l’homme d’affaires Vincent Bolloré.
Ce mouvement de grève est inédit en soixante-quinze ans d’existence du JDD. Celui-ci n’est pas paru depuis cinq week-ends d’affilée. La situation de l’hebdomadaire rappelle les grèves à Europe 1 en 2021 et à i-Télé (devenu CNews, propriété de Vivendi) en 2016, conclues à chaque fois par des départs en masse.
Soutien d’Eric Zemmour à l’élection présidentielle en 2022, Geoffroy Lejeune, 34 ans, doit succéder à Jérôme Béglé, attendu le 1er août à la tête de Paris Match. M. Lejeune n’a pas encore pu rencontrer la rédaction ni voir comment elle fonctionnait. Sous sa direction, l’hebdomadaire Valeurs actuelles a été condamné à une amende de 1 000 euros avec sursis pour injure publique à caractère raciste envers la députée « insoumise » Danièle Obono.
