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De la garde à vue d’Ariane Lavrilleux aux mises sur écoutes, ces affaires où la presse est en liberté surveillée

La journaliste française Ariane Lavrilleux, lors d’une conférence de presse dans les locaux de Reporters sans frontières après sa garde à vue, à Paris, le 21 septembre 2023.

2023 : garde à vue longue durée

L’indignation des médias a été aussi palpable que le silence embarrassé de l’exécutif. Les 19 et 20 septembre, Ariane Lavrilleux, collaboratrice du site d’investigation Disclose, a subi trente-neuf heures de garde à vue, après une perquisition à son domicile – où les données de son téléphone et de son ordinateur ont été collectées. Une « situation gravissime » et « une attaque sans précédent contre la protection du secret des sources », ont dénoncé une quarantaine de sociétés de journalistes. Ariane Lavrilleux est visée par une enquête, ouverte en 2022, pour « compromission du secret de la défense nationale ». En cause, ses articles, publiés fin 2021, sur les dérives de la coopération militaire entre la France et l’Egypte, étayés par des documents classés secret-défense.

2010 : fadettes obtenues illégalement

Bernard Squarcini, ancien patron du renseignement intérieur, comparaît le 18 février 2014 devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir requis les factures téléphoniques détaillées d’un journaliste du « Monde ».

A l’été 2010, l’affaire Bettencourt occupe la « une » de la presse. Les fuites sur ce dossier sensible, mêlant soupçons de fraude fiscale et de financement politique, se multiplient. Le Monde révèle, le 18 juillet 2010, des déclarations à la police du gestionnaire de fortune de la milliardaire Liliane Bettencourt. Dans la foulée, la DCRI, le contre-espionnage français, requiert auprès de l’opérateur Orange les fadettes – contraction de factures téléphoniques détaillées – de l’auteur de l’article. Hors de tout cadre légal ? Oui, estime Le Monde, qui porte plainte le 10 janvier 2011 – soit un an après la promulgation d’une loi consacrant la protection du secret des sources. En 2014, Bernard Squarcini, l’ancien directeur de la DCRI, est condamné à 8 000 euros d’amende.

2005 : perquisitions jugées démesurées

Un enquêteur emmène un ordinateur lors de la perquisition de la juge d’instruction du tribunal de Nanterre Katherine Cornier au siège de l’hebdomadaire « Le Point », le 13 janvier 2005 à Paris.

La scène est inhabituelle. Une juge d’instruction, entourée de policiers et d’informaticiens, sortant, le 13 janvier 2005, des locaux du magazine Le Point, avec sous les bras, des ordinateurs et des dizaines de mails imprimés. Ce même jour, au matin, L’Equipe reçoit le même genre de visite. Plusieurs journalistes voient leur domicile perquisitionné. Les deux médias sont visés par une enquête pour « recel de violation du secret de l’instruction », pour avoir écrit sur l’affaire Cofidis, une équipe cycliste soupçonnée de dopage. En 2012, la Cour européenne des droits de l’homme juge les perquisitions et les saisies d’ordinateurs disproportionnées.

1985 : mises sur écoute sauvages

Edwy Plenel, alors journaliste au « Monde », en 1994.

Dans l’affaire des écoutes de l’Elysée, sous la présidence de François Mitterrand, entre 1983 et 1986, des dizaines de personnalités ont vu leurs conversations téléphoniques interceptées illégalement, de l’actrice Carole Bouquet à l’écrivain Paul-Loup Sulitzer, en passant par le pamphlétaire Jean-Edern Hallier et des avocats de premier plan. Parmi cette galerie éclectique visée par la cellule élyséenne censée lutter contre le terrorisme, plusieurs journalistes ont été écoutés, dont Edwy Plenel, alors l’une des figures de l’investigation au Monde et auteur d’enquêtes mettant en cause la Mitterrandie. Il s’agissait alors de savoir qui le renseignait. En 2005, le tribunal correctionnel de Paris a condamné sept personnes dans ce dossier.

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