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« JDD » : Arnaud Lagardère rompt le dialogue avec la rédaction

Le jeu du chat et de la souris que la direction de Lagardère News impose aux salariés du Journal du dimanche depuis un mois a pris fin lundi 24 juillet dans la soirée. Dans un communiqué, elle « prend acte, avec regrets, de l’absence d’accord avec la Société des journalistes [du JDD] et les organisations syndicales », et annonce la prise de fonctions « effective » de Geoffroy Lejeune à la tête de la rédaction dès le 1er août.

Après avoir officiellement nommé l’ancien directeur de la rédaction de Valeurs actuelles le 23 juin, et constaté le refus de la rédaction de travailler sous sa conduite, la direction du pôle médias du groupe Lagardère avait fait mine de temporiser en retardant son arrivée au 23 août. En fin de semaine dernière, cependant, alors que les échanges avec les représentants des journalistes progressaient peu, la menace d’une entrée en lice la semaine prochaine avait été brandie. Lundi soir, elle a été mise à exécution.

Une nouvelle fois dans la journée, comme déjà douze fois depuis le déclenchement de la grève, le 22 juin, une réunion bilatérale s’était tenue en vue de l’écriture d’une charte offrant « des garanties d’indépendance juridique et éditoriale ». Une exigence que formule la Société des journalistes (SDJ) à chaque reconduction, toujours quasi unanime, du mouvement, en même temps qu’elle demande à la direction de renoncer à la nomination de M. Lejeune. Mais, au cours de la réunion, une nouvelle fois insatisfaisante, selon un journaliste, la présidente de Lagardère News, Constance Benqué, et son équipe avaient exigé que les représentants de la SDJ formulent leur retour, après la consultation des salariés, le jour même à 18 heures, et non le lendemain.

Un scénario déjà éprouvé

« Sans doute observaient-ils une deadline qui leur était propre, estime une membre de la rédaction. Mais nous ne marchons pas à l’ultimatum. » Dans son communiqué, la direction affirme « regretter » cette « rupture des négociations », qu’elle impute totalement à la SDJ. Celle-ci n’aurait pas « pris en compte les ouvertures proposées », alors que « plusieurs propositions concrètes, allant bien au-delà des obligations légales », auraient été formulées. Tard dans la soirée, la SDJ a fait savoir, à son tour par communiqué, qu’elle « déplore que la direction ait choisi d’ignorer » ses propositions, formulées avec la SDJ de Paris Match. Elle se dit « disposée à poursuivre un dialogue constructif ».

La situation au JDD évoque un scénario déjà éprouvé par d’autres médias du groupe Vivendi. A l’automne 2016, les journalistes d’i-Télé avaient mis fin à un mois de grève sans avoir obtenu les gages d’indépendance de la rédaction qu’ils réclamaient. Dans un ouvrage à paraître le 14 septembre, Le Boa (éditions Philippe Rey), Jean-Marie Bretagne, l’ancien secrétaire du CSE de Prisma Media, absorbé par Vivendi en 2021, raconte à son tour comment la promesse de la négociation d’une charte de déontologie par les nouveaux propriétaires du groupe de magazines (Capital, Géo, Ça m’intéresse…) avait été « un leurre ».

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