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A l’Académie française, l’heure du vote sur le duel fratricide entre Amin Maalouf et Jean-Christophe Rufin

Les écrivains Jean-Christophe Rufin et Amin Maalouf, à l’Institut de France, à Paris, le 14 juin 2012.

Lundi 25 septembre, Amin Maalouf était invité à dîner chez Jean-Christophe Rufin, dans l’appartement parisien de ce dernier, à cent mètres du 23, quai de Conti, où se trouve l’Académie française, dans le prolongement du pont des Arts. Les deux écrivains devaient évoquer tranquillement la succession de l’historienne Hélène Carrère d’Encausse, morte le 5 août.

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L’ancien ambassadeur voulait souhaiter bonne chance à son « ami Amin », en lice depuis le 12 septembre pour succéder à « la Tsarine » à la fonction prestigieuse de secrétaire perpétuel de la Compagnie. Mais Maalouf s’est aussitôt décommandé quand il a appris, stupéfait, quelques heures seulement avant le dîner, que son hôte s’était finalement porté candidat aussi, après lui avoir assuré qu’il ne le serait pas. Rufin a pris acte : « On va manger le gros rôti à deux, avec ma compagne. »

En quelques heures, une élection jouée d’avance faute de combattants s’est muée en duel fratricide entre deux amis de trente ans : Amin Maalouf, écrivain franco-libanais de 74 ans, prix Goncourt 1993 pour Le Rocher de Tanios, et Jean-Christophe Rufin, ancien médecin et diplomate de 71 ans, prix Goncourt 2001 pour Rouge Brésil.

Lundi, ce dernier a surpris l’ensemble de ses « confrères » et « consœurs » en envoyant sa lettre de candidature au doyen d’élection, Pierre Rosenberg, juste avant la clôture des candidatures, fixée au lundi 25 septembre à minuit. Les jours qui ont précédé, Rufin assurait pourtant à qui voulait l’entendre qu’il renonçait à se présenter à la succession de Carrère d’Encausse, qui a régné vingt-cinq ans sur la Compagnie.

« Désolé de ne pas vous offrir le spectacle attendu de gladiateurs », avait-il même lancé au Monde, le 18 septembre, expliquant s’être « débranché », las de la campagne menée contre lui par une poignée d’académiciens, dont l’écrivain Marc Lambron, qui s’est déployé tout l’été pour tenter de discréditer sa candidature.

« Pas la vocation d’un saint Sébastien »

Le conseiller d’Etat reproche pêle-mêle à son rival d’hier (Lambron fut finaliste malheureux du Goncourt face à Rufin en 2001) sa proximité avec le chancelier de l’Institut, Xavier Darcos, ses liens avec TotalEnergie et Sanofi (pour lesquels il a travaillé), son « absentéisme » et ses « intrigues » et mille « fourberies » encore. « Maintenant, j’attends ma feuille d’impôts dans les journaux… », ironisait il y a quelques jours le diplomate, excédé, ajoutant qu’il n’avait « pas la vocation d’un saint Sébastien », criblé de flèches empoisonnées.

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