Close

Planification écologique : sur l’agriculture, un virage d’ampleur à peine évoqué

Devant la raffinerie de pétrole TotalEnergies de Donges, le 16 août 2023, à Lavau-sur-Loire (Loire-Atlantique).

Evoquée en seulement quelques phrases lors de la prise de parole d’Emmanuel Macron, lundi 25 septembre, en clôture d’un conseil de planification écologique attendu depuis des mois, l’agriculture occupe néanmoins une place centrale dans le plan de transition du gouvernement. En amont de ce rendez-vous, l’entourage du président avait promis un discours positif : la planification envoie un « message d’espoir à l’agriculture, qui va nous aider à sortir des énergies fossiles », expliquait-on à l’Elysée.

De fait, lundi, le chef de l’Etat a insisté : l’écologie apporte « une réponse à la baisse des rendements [agricoles] par l’agrivoltaïsme, la biomasse, les carburants durables, qui sont des mécanismes de revenus complémentaires ». Alors que le secteur fait face à une crise du renouvellement des générations d’agriculteurs, l’exécutif entend promouvoir l’attractivité du métier. Emmanuel Macron a ainsi répété la doctrine du gouvernement en matière de politique agricole : pas de surtransposition des réglementations européennes, pas de nouvelles contraintes sans « clause miroir » pour les importations, pas d’interdiction de produits phytosanitaires « sans solutions ».

Rien n’a été dit toutefois, dans cette prise de parole présidentielle, sur les efforts de décarbonation que devra engager le secteur, le deuxième le plus émetteur en France après les transports. Selon la prochaine stratégie nationale bas carbone (SNBC), en cours de révision, l’agriculture devra réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 16 % entre 2022 et 2030. Si l’objectif de baisse demandé est inférieur à celui d’autres secteurs, « cela s’explique logiquement par le caractère en partie incompressible des émissions issues de l’agriculture, avec des niveaux résiduels plus importants que dans d’autres secteurs », souligne Aurélie Catallo, directrice du programme « politiques agricoles et alimentaires » de l’Institut du développement durable et des relations internationales.

Mais réduire les émissions agricoles de 13 millions de tonnes équivalent COnécessitera un virage d’ampleur, dont les leviers n’ont pour l’heure pas été détaillés. Le secteur devra agir sur ses deux principaux postes d’émissions : le méthane (45 % des rejets agricoles), émis par la fermentation entérique des ruminants d’élevage, et le protoxyde d’azote (42 %), lié aux engrais de synthèse.

« Cagoule sur le sujet de l’élevage »

« Sur le méthane, le gouvernement est dans une attitude très passive face à la baisse tendancielle des cheptels et ne présente aucune réflexion ni ciblage sur le type d’élevage qu’il veut privilégier », déplore Aurélie Catallo. Sujet sensible, la baisse du nombre d’animaux d’élevage figure bien dans le projet de SNBC, avec une trajectoire de – 12 % d’ici à 2030 des cheptels, alignée sur la tendance de ces dernières années. Mais cette baisse est davantage subie que planifiée, en raison des départs à la retraite d’éleveurs et des difficultés économiques du secteur. « On ne peut pas continuer à mettre une cagoule sur ce sujet de l’élevage et ne pas en parler, s’inquiète Ronan Groussier, responsable agriculture du Réseau Action Climat. Il n’y aura pas de transition bas carbone de l’agriculture sans un plan de transition de l’élevage. Aujourd’hui, ce sont les petits éleveurs qui disparaissent au profit de l’agrandissement des grosses exploitations. »

Il vous reste 44.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top