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Au Soudan, des « centaines de morts » de la dengue

La dengue et les diarrhées aiguës connaissent une augmentation alarmante au Soudan où la guerre a entraîné la fermeture de 100 hôpitaux, alertent des médecins, lundi 25 septembre, appelant à endiguer « une propagation catastrophique » ayant fait « des centaines de morts ». L’Etat le plus durement touché est celui de Gedaref, frontalier de l’Ethiopie, où « la vitesse de propagation de la dengue est catastrophique » et a déjà fait « des centaines de morts et des milliers de cas de contamination », prévient le syndicat des médecins.

La saison des pluies au Soudan, marquée chaque année par la propagation d’épidémies de paludisme ou de dengue, est encore plus dévastatrice cette année après plus de cinq mois de guerre entre les deux généraux au pouvoir à Khartoum. « Les hôpitaux sont déjà pleins et les cas continuent d’augmenter, la situation est particulièrement compliquée pour les enfants malades car si certains sont hospitalisés, la plupart sont traités chez eux », indique à l’AFP un praticien à Gedaref sous couvert d’anonymat. Amal Hussein, une habitante de la ville, assure à l’AFP que « dans chaque maison, il y a au moins trois personnes malades de la dengue », une maladie qui, à l’instar du paludisme, est transmise par un moustique et entraîne fortes fièvres et hémorragies, mortelles si elles ne sont pas traitées.

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A El-Facher, chef-lieu du Darfour-Nord, « 13 cas de paludisme ont été recensés en une semaine », selon le ministère de la santé. A Khartoum, « trois personnes sont mortes de diarrhées aiguës » parmi les « 14 hospitalisées pour la seule journée de dimanche » dans le quartier de Hajj Youssef, dans l’est de la capitale, rapporte le comité de résistance de ce quartier. « Prenez des précautions pour éviter la contagion », exhorte ce groupement de militants qui organise l’entraide entre habitants depuis que les deux généraux au pouvoir sont entrés en guerre le 15 avril.

« Mortalité sans précédent »

La semaine dernière, les Nations unies avaient déjà alerté sur la situation particulière de dizaines de milliers d’enfants « au seuil de la mort » d’ici la fin de l’année.

Plus de 1 200 enfants sont morts de malnutrition et d’une épidémie présumée de rougeole depuis mai dans des camps de réfugiés, selon l’ONU. « Compte tenu de la dévastation totale des services vitaux », l’Unicef craint que les plus jeunes dans ce pays connaissent « une période de mortalité sans précédent », a averti un porte-parole de l’organisation, James Elder, lors d’un point de presse à Genève.

Plus de 3 100 cas présumés de rougeole ont également été signalés au cours de la même période et plus de 500 cas présumés de choléra dans d’autres parties du pays. « Des dizaines d’enfants meurent chaque jour des conséquences de ce conflit dévastateur et d’un manque d’attention de la communauté internationale. Nous pouvons prévenir de nouveaux décès, mais nous avons pour cela besoin de fonds pour la réponse, d’un accès à ceux qui en ont besoin, et surtout, de la fin des combats », a exhorté le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi.

L’Unicef manque également de fonds. L’organisation a reçu moins d’un quart des 838 millions de dollars qu’elle avait demandés pour venir en aide à près de 10 millions d’enfants au Soudan, a indiqué son porte-parole à Genève. Selon l’agence onusienne, les services de nutrition sont « dévastés » dans le pays. « Chaque mois, 55 000 enfants doivent être traités pour la forme la plus mortelle de malnutrition. Pourtant, à Khartoum, moins d’un centre de nutrition sur 50 fonctionne, et au Darfour-Ouest, c’est un sur 10 », a précisé M. Elder.

« La catastrophe frappe à la porte »

Outre les maladies, la faim guette aussi les Soudanais : plus de la moitié des 48 millions d’habitants ont besoin d’aide humanitaire pour survivre, et 6 millions d’entre eux sont au bord de la famine, préviennent les humanitaires. « La catastrophe frappe à la porte au Soudan, les bailleurs doivent immédiatement verser les fonds promis pour l’aide humanitaire qui peut sauver des vies », a lancé lundi la numéro deux de l’ONU au Soudan Clémentine Nkweta-Salami.

Selon le ministère de la santé soudanais, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont « pris le principal stock de médicaments de Khartoum d’une valeur de 500 millions de dollars et il manque désormais 70 % des équipements des centres d’oncologie, de cardiologie, d’ophtalmologie, d’orthopédie et de pédiatrie ».

Le conflit a fait 7 500 morts, selon un bilan très sous-évalué, des millions de déplacés et de réfugiés et a achevé un système de santé à genoux depuis des décennies dans l’un des pays les plus pauvres du monde. Des dizaines d’hôpitaux ont été bombardées ou occupés par des combattants, et les stocks des établissements encore en fonctionnement sont aujourd’hui épuisés ou ont été pillés.

Avant même le début de la guerre, un Soudanais sur trois devait en moyenne marcher plus d’une heure pour trouver un établissement médical, avec seulement 30 % des médicaments essentiels disponibles.

Le Monde avec AFP

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