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Trois mois après les émeutes urbaines, les maires s’impatientent : « Rien n’est résolu »

Grégory Doucet, le maire de Lyon, Eric Piolle, le maire de Grenoble et Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, parmi les édiles des communes victimes des violences, sont reçus par Emmanuel Macron, à l’Elysée, à Paris, le 4 juillet 2023.

L’impatience le dispute à l’agacement. Le 4 juillet, après les violences urbaines du début de l’été, les maires de plus de 200 communes avaient écouté, à l’Elysée, Emmanuel Macron esquisser des pistes et expliquer que le gouvernement se donnait l’été pour bâtir un plan. Près de trois mois plus tard, les 21 et 22 septembre, réunis à Angers sous l’égide de leur association d’élus, France urbaine, les maires des grandes villes s’inquiètent du silence du pouvoir exécutif. « Non seulement la suite des émeutes n’est pas enterrée, mais elle est au cœur de nos préoccupations », a assuré, le même jour, Dominique Faure, ministre déléguée chargée des collectivités territoriales, en précisant que le gouvernement travaille sur tous les aspects de la question : assurances, logement, prévention… Et ce, « afin que ça ne se reproduise plus ».

Mais les élus des métropoles, ceux qui étaient en première ligne lorsque les quartiers brûlaient, n’ont pas tout à fait la même perception des choses. Le sujet est « oublié », déplore le maire de Grenoble, l’écologiste Eric Piolle. « Le gouvernement ne fait que lancer des initiatives pour se donner de l’air, dénonce-t-il. Le CNR [Conseil national de la refondation], il y a un an, les “cent jours” d’Elisabeth Borne, les “soixante jours” d’après les émeutes. Mais c’est pour faire oublier que rien ne se passe. »

« Rien n’est résolu. Ça couve, les braises sont toujours là », met en garde à son tour Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen et premier secrétaire délégué du Parti socialiste. « S’il se produit demain un nouveau drame, les mêmes causes produiront les mêmes effets, voire pire. Je suis un peu inquiet », poursuit-il.

« Il faut engager un dialogue »

Certes, se félicite l’édile de Mulhouse, Michèle Lutz (Les Républicains), les fauteurs de troubles ont été sanctionnés. Elle évoque cette nuit d’émeutes où un camion de pompiers, venu pour éteindre un feu dans le quartier Drouot, a été aspergé d’essence. « Ils ont vu leur dernière minute arriver… », avant de parvenir à s’enfuir, assure-t-elle. « En tant que maire, je considère qu’il est important qu’il y ait des sanctions, que les jeunes sachent qu’il y a des limites et pas de zone de non-droit », explique Michèle Lutz.

Pour le reste, les maires attendent que le gouvernement réagisse et traite le problème à la racine. « En cette rentrée, j’entends parler d’abaya ou de harcèlement, constate Nicolas Mayer-Rossignol, mais pas tellement de nouveaux moyens pour l’éducation nationale ou la justice, d’un plan banlieue ou d’un plan jeunesse… » Beaucoup d’entre eux dénoncent, comme le maire de Lyon, Grégory Doucet (écologiste), « une forme de mépris, de condescendance, réelle, pas forcément volontaire, du président de la République et du gouvernement vis-à-vis de ceux dont Emmanuel Macron a dit qu’ils n’étaient “rien” ».

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