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Ségolène Royal, la nouvelle maîtresse d’école de « Touche pas à mon poste »

Ségolène Royal, sur le plateau de l’émission « Touche pas à mon poste », sur C8, aux côtés de Cyril Hanouna, le 14 septembre 2023.

« Vous vous en souvenez ? On l’a vu la semaine dernière. » Debout derrière son pupitre, Ségolène Royal tient à merveille son rôle de maîtresse d’école, ce jeudi 21 septembre, dans l’émission de Cyril Hanouna, sur C8. Dans son dos défilent les planches pédagogiques qui viennent étayer son propos ; sur chacune, un grand titre général, décliné en plusieurs petits titres à puce, avec des exemples et des situations concrètes. Les phrases sont écrites en lettres capitales, en bleu ou en rouge (pour les mots importants), sur fond blanc à petits carreaux de cahier d’écolier.

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Le ton est scolaire, les termes sont distinctement prononcés ; l’oratrice parle lentement et prend bien la peine de regarder chaque personne de son auditoire. En face, assis en arc de cercle, les neuf chroniqueurs de « Baba », tel qu’est surnommé le présentateur vedette, écoutent religieusement la leçon du jour de « Ségolène explique ». Plus un mot ne sort de leur bouche, plus personne ne s’invective ni ne prend la parole sans y avoir été invité. Juste avant, ils se sont bien époumonés sur les tubes des années 1990 de Dorothée – la rumeur la dit de retour pour un nouveau disque !

La semaine passée, ils venaient de débattre un moment sur la vidéo d’un couple surpris en train de faire l’amour dans les toilettes d’un avion (le steward avait-il fait preuve d’éthique professionnelle en ouvrant la porte alors qu’un passager filmait ?). On s’était d’ailleurs demandé par quelle pirouette l’ancienne candidate à la présidentielle allait-elle bien réussir à enchaîner pour parler de violences sexuelles faites aux enfants, sa toute première leçon.

Se poser cette question, c’était, d’une part, méconnaître la grande élasticité de « Touche pas à mon poste », probablement la seule émission où l’on peut sauter d’une histoire d’allaitement entre adultes à la pédocriminalité, avant de poursuivre avec « tous les conseils pour se débarrasser du moustique-tigre ! », le tout entrecoupé de coupures pub pour reprendre sa respiration. D’autre part, c’était surtout sous-estimer le talent de l’ancienne ministre déléguée à l’enseignement scolaire sous Jospin à imposer le silence dans une salle de classe.

Interventions relativement irréprochables

Elle faisait déjà la leçon, il y a trente-quatre ans, en assurant la promotion de son livre Le Ras-le-bol des bébés zappeurs (Robert Laffont). Dans un entretien de 1989 judicieusement remis en avant le 14 septembre par l’INA, l’alors députée et mère de trois enfants poussait un « cri de révolte » contre la télévision : « Comment peut-on faire aussi médiocre avec autant d’argent ? », se demandait l’élue socialiste de 36 ans, estimant que « ceux qui contrôlent la télévision sont des marchands d’images » et que « le téléspectateur est piégé ». Une génération plus tard, difficile de savoir qui est le plus pris au piège entre Ségolène Royal, le téléspectateur, Cyril Hanouna et l’opinion publique en général.

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