Close

Le bio en pleine désaffection : « Certains producteurs n’affichent plus le logo pour ne pas faire fuir le client »

Des oranges labélisées bio dans un supermarché de Gattières (Alpes-Maritimes), le 2 décembre 2022.

Les Français continuent à réduire leurs achats de produits bio. Après le coup de frein brutal ressenti fin 2021 et le fort ralentissement enregistré en 2022, la tendance baissière se poursuit depuis le début de 2023. Entre janvier et juillet, les ventes de denrées produites sans engrais chimiques ni pesticides de synthèse ont plongé de 13 % en volume en grande distribution, selon l’institut Circana. Un recul limité à 2 % en valeur. Sans surprise, ce marché pâtit des arbitrages de consommation des Français, confrontés à une inflation inédite.

Depuis la flambée des prix alimentaires dans les rayons des supermarchés − une hausse culminant à 20 % sur deux ans cet été −, les clients tentent de limiter le montant de leur ticket de caisse. La descente en gamme est manifeste. Alors que les produits à marque de distributeur et premiers prix grignotent des parts de marché, ceux portant le label de la feuille blanche sur fond vert sont moins prisés. Résultat : en 2022, la part du bio dans l’alimentation des Français est passée de 6,4 % à 6 % et le reflux perdure.

Cependant, la recherche du moindre prix n’est pas seule en cause. « L’inflation a bon dos », réagit Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio, une structure publique chargée de l’animation de l’écosystème du bio. Evoquant « les classes aisées qui ont les moyens et se sont détournées du bio », elle met en exergue des raisons plus profondes, à savoir qu’« une défiance et une ignorance se sont installées dans l’esprit des consommateurs ».

« Il y a urgence »

« Nous souffrons cruellement de cette installation durable de l’inflation. Elle a un impact psychologique fort. Les gens se détournent des produits bio du fait de la réputation ancrée dans les esprits de prix élevés. Certains producteurs n’affichent plus le logo pour ne pas faire fuir le client », souligne de son côté Philippe Camburet, président de la Fédération nationale d’agriculture biologique. La réputation de prix élevé et la concurrence de labels bien moins-disants d’un point de vue écologique comme la mal nommée haute valeur environnementale ou le sans pesticides, sans oublier les promesses du local ou de l’origine France, ont brouillé les repères de consommation.

Tous les acteurs du secteur se rejoignent sur la nécessité de communiquer. « Nous avons besoin d’une campagne d’information du citoyen. Il faut lui réexpliquer l’intérêt de manger bio, pour sa santé, pour l’environnement, pour plus de biodiversité et moins d’algues vertes », lance M. Camburet. En 2022, l’Etat avait alloué un budget de 500 000 euros pour la campagne publicitaire Bioréflexe, portée par l’Agence Bio.

Il vous reste 52.89% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top