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« Traditions », ode au travail et « droits des nations et des peuples » : à Beaucaire, la rentrée à domicile du RN

Marine Le Pen à la fin de son discours prononcé à l’occasion de la rentrée politique du Rassemblement national, à Beaucaire (Gard), le 16 septembre 2023.

Beaucaire, village fermé. A l’abord des arènes de la petite ville du Gard, samedi 16 septembre, le service de sécurité du Rassemblement national (RN) régente l’accès. La bourgade lepéniste accueille la rentrée politique du parti dans le cadre de ses Estivales, un programme d’animations qui rythme l’été beaucairois, et cela depuis bien avant sa conquête par l’extrême droite.

Sur les rives du Rhône, le mélange des genres est assumé : le maire, Julien Sanchez, un frontiste qui présente bien, veut ériger la ville qu’il dirige depuis 2014 en vitrine du parti à la flamme. Un succès : en 2020, il a été réélu au premier tour des municipales et se fait fort de ne pas toucher aux impôts, qu’importe l’absence d’entretien du réseau d’eau ou des vieux édifices du centre. Raison pour laquelle il a fort mal pris une enquête de Libération, cette semaine, sur sa gestion omnipotente et parfois clanique.

Pour rythmer la journée, il a sollicité les associations locales, notamment celles qui entretiennent les traditions provençales – il aime à dire qu’ici, on est fier d’être Français et on défend les traditions. Les associations, elles, ont hésité : y aller ou non ? Et si la subvention municipale en dépendait ? Elles ont joué le jeu, parfois au prix de démissions de bénévoles. A Beaucaire, le tissu associatif et politique s’étiole. Une cinquantaine d’opposants se sont réunis sur une place de la vieille ville, où loge l’importante main-d’œuvre saisonnière sud-américaine. Une tablée d’attachés parlementaires endimanchés se moque ; aujourd’hui, la ville est à eux.

Des animations dans le cadre de la rentrée politique du Rassemblement national, à Beaucaire (Gard), le 16 septembre 2023.

Un « ticket » Le Pen – Bardella ?

Derrière le grillage des Estivales, une mini-Fête de « L’Huma » à la sauce RN. Deux guitares espagnoles jouent Bella Ciao, l’hymne de la résistance au fascisme italien, celui auquel le Front national empruntait sa flamme, en 1972 ; des fédérations vendent leur spécialité locale, y compris le vin du député (RN) de Gironde Grégoire de Fournas, dont les ventes et la popularité à l’extrême droite la plus radicale ont bondi depuis qu’il a, en séance à l’Assemblée nationale, crié « Qu’il retourne en Afrique ».

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La politique, elle, se niche dans les coins. Sous la tente du Campus Hemera, l’organisme de formation des cadres lepénistes, où l’on dispense deux conférences sur « l’assimilation, un principe en crise » et « philosophie politique et action militante » ; dans cette discussion entre deux parlementaires RN, qui s’agacent de ce que « le lobby LGBT a détourné l’arc-en-ciel, alors que c’est joli, un arc-en-ciel » ; ou au stand du groupe RN au Parlement européen, où une poignée de sympathisants écoutent leurs représentants dénoncer « Big Pharma », « l’empire technocratique bruxellois » ou « les fossoyeurs de l’agriculture européenne ».

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