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Aux Forges de Tarbes, l’inquiétude des salariés ne s’apaise pas

La trentaine de salariés en CDI des Forges de Tarbes a symboliquement débrayé quelques heures, jeudi 7 septembre, se rassemblant devant l’entreprise. Vestige du fleuron de l’industrie française de l’armement que fut jadis le quartier de l’Arsenal dans la préfecture des Hautes-Pyrénées, elle est l’unique site en France à usiner les corps creux de calibre 155 mm LU211, ces ogives qui, une fois armées par Nexter dans le Cher, deviennent les obus tirés par les canons Caesar en Ukraine.

De restructurations en redressements judiciaires, le site est passé plusieurs fois proche de la fermeture, changeant de main à quatre reprises ces cinq dernières années. Quand, en 2021, Europlasma, société spécialisée dans le traitement et la valorisation de déchets dangereux, reprend la barre, elle ambitionne de diversifier l’activité du site. Jusqu’à ce que, début 2022, la guerre en Ukraine et les discours d’Emmanuel Macron sur l’entrée de la France dans « une économie de guerre » redonnent un rôle à jouer, et des ambitions, à la petite usine française de production d’obus.

Mais alors que depuis des mois, Europlasma ne cesse de promettre investissements et nouvelles commandes, les salariés considèrent que la concrétisation ne suit pas. « Quand on lit dans la presse des annonces de volumes faramineux pour 2024 et de millions d’euros d’investissement alors que notre quotidien c’est ramer pour dépanner les machines, on a l’impression qu’on se moque de nous ! On le vit comme une blessure », résume Josiane Frétier, nouvelle déléguée syndicale (CGT) des Forges de Tarbes.

Objectifs intenables

En ce début septembre, le PDG d’Europlasma, Jérôme Garnache-Creuillot, répète au Monde ses objectifs d’augmentation très rapide des capacités de production, pour passer de 2 500 pièces mensuelles début 2023 à 10 000 par mois courant 2024 et à 14 000 en 2025.

Il souligne par ailleurs l’obtention, durant l’été, de 7,1 millions d’euros d’avances remboursables auprès de l’Etat pour des dépenses d’investissement, auxquelles sont éligibles les industries de l’armement, et maintient un plan global de 12 à 15 millions d’euros d’investissement. Depuis notre visite en mai, dix salariés ont été recrutés pour passer de trente-huit (vingt-huit CDI et dix intérimaires) à quarante-huit (trente et un CDI et dix-sept intérimaires). Et le carnet s’est étoffé de nouvelles commandes, avec « 60 000 ébauches à destination de la France en 2024 et un accord de développement et de fabrication de 120 000 par an pendant trois ans pour l’étranger ».

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