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Dans « Un silence si bruyant », Emmanuelle Béart évoque l’inceste dont elle fut victime

Anastasia Mikova et Emmanuelle Béart dans « Un silence si bruyant », diffusé sur M6 le 24 septembre 2023.

« Ce voyage dans l’horreur m’a provoqué quelque chose de l’ordre du vertige, de l’irréel », confiait Emmanuelle Béart au Télégramme, en mars 2022, à propos du roman, prix Medicis 2021, Le Voyage dans l’Est (Flammarion), dans lequel son autrice, Christine Angot, raconte l’inceste qu’elle a subi de son père, et dont l’actrice venait faire la lecture au Palais des arts de Vannes.

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La comédienne a décidé à son tour de prendre la parole avec Un silence si bruyant, documentaire qu’elle a porté durant trois ans avec la réalisatrice Anastasia Mikova. Elle y accompagne trois femmes et un homme, qui racontent l’inceste dont ils ont été victimes enfants – comme elle, de 10 à 14 ans. Le film sera diffusé le 24 septembre, sur M6.

L’actrice, âgée de 60 ans, ne retient pas ses larmes lorsqu’elle écoute et interroge Norma, violée par son grand-père entre 3 et 12 ans, Pascale, violée par son père à 12 ans, Sarah, dont la fille a subi les assauts de son père entre 4 et 8 ans, et Joachim, agressé sexuellement par ses deux parents – contre lesquels il a fini par porter plainte, voilà deux ans.

La comédienne ne dévoilera pas le nom de son agresseur, précisant dans le film que ce n’était « ni [son] père [le chanteur Guy Béart] ni [sa] mère », et que c’est sa grand-mère qui l’a sortie des griffes de cet inceste. On n’en saura pas plus, mais là n’est pas l’essentiel. « Elle n’est pas dans un règlement de compte », tient à souligner la réalisatrice, lors de la présentation du film à la presse, mardi 5 septembre.

Parole contre parole

L’essentiel est d’écouter les quatre témoins, qui ont accepté de parler à visage découvert. D’inciter le plus grand nombre de victimes à parler à leur tour, de toucher pour cela « le public le plus large » en choisissant une chaîne de grande diffusion comme M6. De casser « les cercles de silences, silence de soi-même, silence familial, silence sociétal », dans lesquels on s’enferme. « Je réalise que ce silence autour de mon viol, c’est moi qui l’ai installé », analyse Emmanuelle Béart.

« Si l’enfant est entendu mais qu’il n’est pas cru, il se referme », rappelle, dans le documentaire, Edouard Durand, ancien juge des enfants, président de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. Tel est le cœur du drame et du débat. Comme dans tous les cas de viols, c’est la même problématique : parole contre parole. « Etre entendu est un véritable parcours du combattant », dit l’actrice. D’autant plus lorsqu’on est enfant.

« Le jour où, ayant pris conscience de ce qui m’arrivait, j’ai dit à ma grand-mère “papy me met la main aux fesses”, elle m’a donné une claque », relate Norma, qui a fini par faire, adulte, un spectacle de stand-up de son histoire, pour « tordre le cou à ses névroses ».

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