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A l’assurance-vieillesse, la réforme des retraites accentue le « mal-être » des personnels

La pression pesant sur eux vient de s’accentuer alors même qu’ils la trouvaient déjà élevée. Avec l’entrée en vigueur – depuis le 1er septembre – de la réforme des retraites, les quelque 14 400 agents de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV) font face à des difficultés redoublées, d’après les syndicats qui les représentent. Ils ont dû se familiariser en quelques semaines avec la nouvelle législation, dans des conditions de travail jugées mauvaises et sur fond de revendications salariales non satisfaites. « Il y a un cocktail explosif », soutient Romain Rivière, délégué syndical CGT.

La CNAV est le principal régime de notre système par répartition. Elle gère la retraite de base des salariés du privé, des travailleurs indépendants, des contractuels de droit public et des artistes-auteurs. Soit environ quinze millions d’individus auxquels une prestation est versée, en vertu de dispositions profondément revues par la réforme promulguée le 14 avril : recul de l’âge légal de départ, augmentation de la durée de cotisation requise pour plusieurs générations, revalorisation des petites pensions, élargissement des conditions d’accès au système des carrières longues qui permet à ceux qui ont commencé à travailler jeunes de prendre leur retraite de façon anticipée, etc.

« Pour le moment, ça va, globalement, dans le traitement des demandes, même si certaines d’entre elles sont mises en attente car elles nécessitent d’obtenir des éclaircissements sur certains points de réglementation », affirme Grégory Thomas, délégué syndical central CFTC – l’organisation numéro un à la CNAV. Mais tout n’est pas rose, loin s’en faut, poursuit-il. Avant la mise en œuvre de la loi du 14 avril, le stock de dossiers à liquider était important dans bien des régions, du fait d’un manque d’effectifs, selon M. Thomas.

« Le contexte n’était déjà pas sain, avec une grosse fatigue au sein des équipes, comme l’ont montré des expertises sur les risques psychosociaux », complète Florence Puget, secrétaire nationale CFDT, en faisant allusion à un audit réalisé par le cabinet Explicite SCT, à la demande des élus du personnel, après une tentative de suicide dans les locaux de la CNAV, fin 2021. Cette enquête avait révélé une « charge mentale, un stress et une surcharge chronique », imputable à la « complexité » et à « l’intensité du travail ».

« Le calendrier est très lourd »

S’y ajoute aujourd’hui le nombre « incalculable » de mesures nouvelles et hyper-techniques, qu’il faut « ingurgiter », considère Mme Puget. Or, l’apprentissage s’est effectué à marche forcée, à en croire les organisations de salariés. « Les agents n’ont pas reçu toutes les formations et les consignes nécessaires, ce qui engendre de l’inquiétude », estime Karim El Hachmi, secrétaire général de l’UNSA-CNAV. « Le calendrier est très lourd, les gens ont dû se former durant l’été, avec beaucoup de décrets d’application qui sont tombés en juillet et en août. Tout ça s’est fait au petit bonheur la chance », déplore M. Rivière.

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