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Comptes de campagne 2017 : la députée LFI Sophia Chikirou mise en examen pour escroquerie aggravée

Alors que sa société de conseil en communication est soupçonnée d’avoir surfacturé certaines prestations lors de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2017, Sophia Chikirou a été mise en examen, mardi à Paris, pour escroquerie aggravée, abus de biens sociaux et recel d’abus de confiance. Des accusations niées par la députée parisienne, proche du leader insoumis.

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La figure de La France insoumise Sophia Chikirou a été mise en examen, mardi 24 septembre, pour escroquerie aggravée, abus et recel de biens sociaux dans l’enquête sur les comptes de campagne 2017 du candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon.

Sophia Chikirou est arrivée mardi matin vers 9 h 40 au tribunal judiciaire de Paris, accompagnée de l’un de ses deux avocats, Me Dominique Tricaud.

En fin de matinée, une source judiciaire a indiqué à l’AFP que la députée parisienne avait été mise en examen pour escroquerie aggravée, abus de biens sociaux et recel d’abus de confiance. Sollicités, ses conseils n’ont pas commenté cette convocation, repoussée à plusieurs reprises, ni sa mise en examen.

La justice soupçonne Mediascop, sa société de conseil en communication, d’avoir surfacturé certaines prestations lors de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2017, ce que nie l’élue de 45 ans.

« Il n’y a pas eu de surfacturation »

En 2018, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) puis la cellule de renseignement financier Tracfin avaient adressé des signalements au parquet de Paris, qui a ouvert une enquête préliminaire en avril 2018.

La CNCCFP, qui a validé fin 2017 les comptes des onze candidats malgré certaines dépenses retranchées (434 939 euros sur 10,7 millions déclarés concernant Jean-Luc Mélenchon), avait justifié son signalement par des « interrogations », notamment sur les dépenses facturées par l’association l’Ère du peuple et par Mediascop.

Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon s'exprime lors de l'université d'été du mouvement le 23 août 2024 à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme
Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon s’exprime lors de l’université d’été du mouvement le 23 août 2024 à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme © Emmanuel DUNAND / AFP/Archives

Mi-octobre de la même année, le parquet avait diligenté des perquisitions spectaculaires, notamment car une partie a été diffusée en direct sur la page Facebook de Jean-Luc Mélenchon, au siège du parti, chez le leader insoumis et de nombreux collaborateurs, déclenchant l’ire du parti de gauche radicale.

« Il n’y a pas eu de surfacturation, Mediascop n’a pas surfacturé, il n’y a pas d’enrichissement personnel, il n’y a pas eu de détournement de fonds publics », avait balayé Sophia Chikirou en octobre 2018, quelques jours après son audition libre sur deux jours à Nanterre par la police anticorruption.

« Prix libre, c’est le principe du capitalisme »

Début novembre 2018, le dossier avait été confié à des juges d’instruction. D’après un rapport d’enquête cité par Mediapart, Mediascop avait vu « sa rentabilité bondir » à l’issue de ces campagnes 2017 avec un niveau « considéré par les experts comme étant ‘supérieur’ à celui des entreprises du secteur de même taille ».

Toujours d’après Mediapart, Sophia Chikirou aurait pu grâce à ces élections de 2017 se « verser à titre personnel plus de 135 000 euros de salaires et dividendes avant impôts dont elle a décidé seule du montant en tant que présidente et unique actionnaire de Mediascop », alors même qu’elle était au même moment responsable de la communication du candidat.

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« Le prix libre, c’est le principe du capitalisme », a défendu une source proche de Sophia Chikirou à l’AFP, contestant toute « surfacturation » ou « prix délirant ».

Dans un premier temps, les juges d’instruction ont mis en examen au printemps 2021 l’association l’Ère du peuple et la mandataire financière du candidat, Marie-Pierre Oprandi, pour « prêt illicite de main d’œuvre », et la seconde en plus pour « usage de faux », loin des soupçons d’escroquerie et de surfacturations initialement évoqués. Le parti de gauche radicale y avait vu une forme de victoire.

Mais de nouvelles auditions révélées ultérieurement par Mediapart ont montré, selon le site d’investigation, que des missions facturées par l’Ère du peuple étaient en réalité réalisées par d’autres prestataires, et que l’Ère du peuple aurait alors émis de fausses factures pour justifier les frais.

En septembre 2021, le député LFI de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud, salarié en 2017 en tant que trésorier de l’association, avait été mis en examen notamment pour « prêt illicite de main-d’œuvre, faux, escroquerie et tentative d’escroquerie ».

Puis en février 2022, l’Ère du Peuple voyait ses poursuites aggravées, avec l’ajout des infractions d' »escroquerie et tentative d’escroquerie aggravée » et « faux et usage de faux ».

La mise en examen de Sophia Chikirou risque de fragiliser la position déjà jugée clivante au sein du Nouveau Front populaire de cette ancienne militante socialiste, ralliée de manière éphémère à Nicolas Sarkozy en 2007 avant de rejoindre Jean-Luc Mélenchon par la suite.

Avec AFP

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