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« L’épidémie de mpox et la multiplication d’émergences infectieuses doit remettre en question nos façons d’habiter la Terre »

L’urgence de santé publique de portée internationale a été déclenchée en août par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en raison d’une flambée épidémique de mpox sans précédent dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), au Kivu, et dans les pays frontaliers auparavant indemnes de la maladie. Un nouveau sous-clade 1b du virus est apparu dans la zone, confirmant la transmission désormais strictement interhumaine de cette maladie, anciennement appelée « variole du singe ». Depuis septembre 2023, le début de l’épidémie actuelle, la RDC rapporte plus de 15 000 cas suspects de mpox, loin des 4 000 cas rapportés les précédentes années.

Si cette épidémie inquiète la communauté internationale, ce n’est pourtant pas la première fois que la mpox, maladie jusqu’ici négligée, sort de son berceau africain.

En 2003, des cas étaient apparus chez des enfants aux Etats-Unis, avec des lésions sur les mains et un cas d’encéphalite. L’enquête a permis de remonter la chaîne de contamination jusqu’à des chiens de prairie, eux-mêmes contaminés dans une animalerie par des rats de Gambie provenant du Ghana. Le virus était donc identifié sur des animaux venus d’un pays où aucun cas animal ou humain de mpox n’avait été signalé. Un révélateur de l’implication du commerce d’animaux vivants dans la survenue et la dissémination de virus.

Franchissement de la barrière entre espèces

L’épidémie mondiale de mpox de 2022 a surpris la communauté internationale, alors convaincue qu’il s’agissait d’une maladie principalement zoonotique, et survenant dans des zones forestières d’Afrique. Cette fois, l’épidémie se propageait au sein de la communauté homosexuelle occidentale. Depuis 2017, au Nigeria, des formes génitales de cette maladie étaient aussi apparues chez des hommes jeunes dans les zones urbaines : un changement épidémiologique insuffisamment pris en compte à l’international.

En 2017, un premier cas avait été détecté à Port-Harcourt, une ville du sud productrice d’huile de palme, trente-neuf ans après la survenue du dernier cas humain de mpox dans ce pays. Les études génomiques suggèrent que le franchissement de la barrière entre espèces aurait eu lieu dès 2014 dans deux régions nigérianes caractérisées par des plantations de palmiers à huile. Cette exploitation intensive provoque une simplification massive des écosystèmes, avec des extinctions d’espèces spécialistes et des proliférations d’espèces opportunistes comme les rongeurs. Les noix de palme sont en effet très appréciées des petits écureuils arboricoles suspectés d’être le réservoir de la mpox.

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