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A gauche, l’été très politique de Raphaël Glucksmann, François Ruffin et François Hollande

Raphaël Glucksmann au Parlement européen, à Strasbourg, le 16 juillet 2024.

Mon premier peut crier au scandale. Malgré ses 13,8 % inattendus aux élections européennes du 9 juin, qui ont ravivé les couleurs d’un Parti socialiste (PS) décati, il est marginalisé, le soir même des résultats, par la dissolution de l’Assemblée nationale, qui précipite le pays dans un brouillard politique des plus épais.

Mon deuxième a décidé de divorcer brusquement d’avec sa famille politique originelle, La France insoumise (LFI), entre les deux tours des élections législatives, les 30 juin et 7 juillet, après avoir été le premier promoteur du mouvement unitaire et le fournisseur officiel du slogan « Nouveau Front populaire » (NFP).

Mon troisième est un ancien président de la République, en retrait de la vie politique active depuis 2017, mais fraîchement réélu député socialiste de la Corrèze et « revenu pour rééquilibrer la gauche, seule condition pour qu’elle gouverne de nouveau la France ».

Mon tout, ce sont Raphaël Glucksmann, François Ruffin et François Hollande, qui affichent un objectif partagé, mais non mutualisé : devenir l’unique porteur d’une nouvelle flamme à gauche et contester, pour ce faire, le leadership de l’« insoumis » Jean-Luc Mélenchon. Pour l’instant, ils sont en lisière d’un NFP qu’ils ont soutenu sans participer directement à son édification. Un NFP qui attend d’être appelé à Matignon. Eux espèrent une rentrée bouillonnante, tout à leur avantage.

« Se ressourcer pour donner du sens à sa parole »

Depuis les législatives, hormis une interview dans Le Nouvel Obs du 11 juillet, Raphaël Glucksmann a pris du champ, jusqu’à une évaporation volontaire. Pas une phrase sur le choix de Lucie Castets comme candidate unique du NFP pour Matignon ; pas un mot sur Huguette Bello et Laurence Tubiana, les tentatives précédentes abandonnées. « La politique assèche, commente-t-il. Il faut se ressourcer pour donner du sens à sa parole. »

Son été est effectivement studieux, il lit l’intégralité de la production programmatique sociale-démocrate, « pays par pays, et à l’échelle européenne », pour édifier un projet de société continental. Il s’octroie quand même, tous les soirs, une visite festive au Club France des Jeux olympiques (JO)« J’adore. Il se passe un truc assez fou dans ce pays qui ne va pas bien » –, avant de prendre quelques jours de vacances en Corse.

L’art suprême du détachement ? Il est compliqué de humer ses aspirations. Cultiver la rareté de la parole politique est une stratégie assez classique pour se laisser désirer, mais Raphaël Glucskmann semble aussi payer le contrecoup d’une terrible désillusion quand il se fait dérober sa « victoire » européenne – il est arrivé à la troisième place – par la dissolution de l’Assemblée nationale, alors qu’il a rassemblé 1 million d’électeurs de plus que LFI. Or, l’activation de sa dynamique personnelle n’a pas lieu.

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