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« En 2080, quand les réfugiés climatiques européens sont refoulés systématiquement par leurs voisins… »

2080. La Camargue a disparu sous les eaux. Aigues-Mortes (Gard) et Narbonne (Aude) sont redevenues des ports. Sète (Hérault) est réduite au mont Saint-Clair, le reste de la ville a été submergé. Les étangs de Mauguio, du Méjean, de Thau (Hérault), de Sigean (Aude), de Leucate (Aude et Pyrénées-Orientales) ne sont plus que souvenirs. Les Pays-Bas ont perdu près de la moitié de leur superficie, tout comme le Danemark. Le désert couvre la moitié de l’Espagne, le feu a dévoré la forêt portugaise.

La catastrophe annoncée depuis près d’un siècle est là. Les habitants des zones conquises par les mers fuient. Les uns se réfugient à l’intérieur des terres, pour l’instant épargné. D’autres tentent de gagner des contrées qui devraient être à l’abri de la montée des eaux pendant au moins quelques décennies. L’Ecosse et la Norvège sont les destinations privilégiées. La population de Lyon et de Grenoble double, celle de Toulouse et Strasbourg aussi, tandis que Montpellier et Bordeaux perdent près de la moitié de leurs habitants. Ces migrations internes et internationales causent des tensions. Tout un quartier d’une sous-préfecture de l’est de la France manifeste contre l’ouverture d’un « centre d’accueil pour réfugiés internes » qui doit recevoir douze familles originaires du Languedoc.

Quant à ceux qui ont cru trouver asile en Scandinavie, ils doivent déchanter. Le Danemark, lui-même profondément affecté, et la Norvège, très sollicitée, se retirent de l’espace Schengen pour ne plus être liés par le principe de libre circulation des personnes. Ils mobilisent leurs gardes-côtes – dont les effectifs sont considérablement augmentés – et refoulent systématiquement les migrants européens qui tentent d’accoster. Et ceux qui ont réussi à gagner la terre ferme sont parqués dans des « camps » spécialement créés pour eux, dotés d’équipements rudimentaires, d’où il est interdit de sortir tant que l’examen de leur demande d’asile n’est pas terminé. Et si l’asile est refusé – ce qui est le cas pour environ 90 % des demandes –, le retour au pays d’origine est la règle, le recours contre cette décision n’étant pas suspensif, sauf raison de santé ou motif « humanitaire ».

Nul n’est à l’abri

C’est que ces réfugiés d’un nouveau type n’entrent dans aucun des cas prévus par la convention de Genève de 1951 sur le statut des réfugiés, qui ne s’applique qu’aux personnes fuyant leur pays « en raison de leur race, de leur religion, de leur appartenance à un certain groupe social ou de leurs opinions politiques ». C’est pourquoi les gouvernements des pays d’Europe du Sud ont demandé, aussi bien dans le cadre de l’Union européenne que de l’Organisation des Nations unies, l’ouverture de négociations en vue de l’élaboration d’une convention qui s’appliquerait aux « réfugiés climatiques ». Vainement. Les Etats d’Europe du Nord et des deux Amériques, mais aussi certains pays africains, s’y opposent fermement, craignant un effet d’« appel d’air » et une « invasion de migrants ».

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