Hachette Livre, numéro un français de l’édition, a annoncé, mercredi 5 juin, la nomination à la tête des éditions Fayard de Lise Boëll, qui a notamment édité les livres d’Eric Zemmour, ancien journaliste et président du parti d’extrême droite Reconquête !, ou de Philippe de Villiers.
« Lise Boëll est nommée présidente-directrice générale des éditions Fayard », est-il écrit dans un communiqué d’Hachette Livre, propriété du groupe Vivendi, du milliardaire Vincent Bolloré. La maison d’édition avait licencié en avril, en raison de « différends stratégiques », Isabelle Saporta, qui avait occupé ce poste pendant moins de deux ans. Lise Boëll, 57 ans, avait été nommée le 22 février directrice générale de Mazarine, une maison d’édition dépendant jusque-là de Fayard.
Fayard, l’une des plus anciennes maisons d’édition françaises encore en activité, souffre depuis deux ans d’une forte instabilité, qui lui a fait perdre des auteurs à succès, notamment la romancière Virginie Grimaldi, deuxième au classement des ventes en France en 2023. En mars 2022, c’était Sophie de Closets qui quittait la tête de cette maison, lassée des pressions politiques qui, selon elle, ne permettaient plus de travailler en toute indépendance.
Tout reconstruire
Isabelle Saporta, qui lui a succédé, a dû tout reconstruire, mais après moins de deux ans, Hachette Livre lui demandait d’autoriser Mazarine, autre maison d’édition, confiée à Lise Boëll, à utiliser la marque Fayard. Mme Saporta s’y est refusée, jusqu’à son licenciement.
Mme Boëll, âgée de 57 ans, qui travaille dans l’édition depuis 1997, s’est forgé dans le milieu l’image de l’éditrice d’auteurs très à droite, d’abord chez Albin Michel jusqu’en 2021, puis chez Plon jusqu’à fin 2023.
« Editrice chevronnée au parcours marqué par de nombreux succès éditoriaux, Lise Boëll aura pour mission de poursuivre le développement des éditions Fayard en fiction et non-fiction, au service du rayonnement des auteurs et du catalogue prestigieux de la maison », ajoute Hachette Livre dans son communiqué.
D’après ses détracteurs, nombreux dans le monde de l’édition, Vincent Bolloré, qui ne fait pas mystère de son conservatisme et de son catholicisme traditionnel, a fait de Fayard un instrument au service de ses idées politiques.
