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Abaya : l’interdiction à l’école rouvre une vieille fracture à gauche

Jean-Luc Mélenchon et Mathilde Panot, lors de l’université d’été de la France Insoumise à Chateauneuf sur Isère, le 27 août 2023.

A une semaine de la rentrée des classes, un nouveau sujet de discorde enflamme la gauche, alors que le ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, a annoncé, dimanche 27 août, l’interdiction de l’abaya à l’école. « Les atteintes à la laïcité se sont considérablement accrues », a-t-il justifié, assimilant ce long vêtement d’origine moyen-orientale portée par les jeunes filles musulmanes à une « tenue religieuse » au même titre que le « qamis », son équivalent porté par les hommes.

Il n’en fallait pas plus pour faire ressurgir à gauche la fracture sur la laïcité. « Tristesse de voir la rentrée scolaire politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d’un habit féminin », s’est désolé le leader « insoumis » Jean-Luc Mélenchon, en appelant à « la paix civile » et à « la vraie laïcité qui unit au lieu d’exaspérer ». Le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, a annoncé mardi matin, sur France 2, sa décision d’attaquer cette interdiction au Conseil d’Etat.

Une ligne aux antipodes de celle portée par les communistes et le Parti socialiste (PS), lequel avait voté la loi de 2004 interdisant le port de tenues religieuses à l’école. « Notre boussole, c’est l’interdiction des signes ostensibles à l’école », a rétorqué le député socialiste de l’Essonne Jérôme Guedj, favorable à leur interdiction. « La laïcité est, avec l’Europe, le sujet où les divergences sont les plus fortes à gauche, rappelle le politiste Rémi Lefebvre. C’est enraciné, pavlovien. » « Une partie majoritaire du PS campe sur une laïcité assez stricte, et une partie de La France insoumise et des écologistes en ont une conception plus accommodante au nom de la défense des minorités, et d’intérêts électoraux bien compris », développe Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion à l’IFOP.

« Police du vêtement »

« Dès l’instant où l’abaya ou le qamis sont portés dans une dimension ostentatoire, il faut les interdire comme la loi de 2004 le permet, sans difficultés majeures », a poursuivi Jérôme Guedj, s’attirant les foudres de Nadège Abomangoli (LFI, Seine-Saint-Denis). « Une liste aux européennes avec ça ? Non merci », lui a-t-elle répondu sur X (anciennement Twitter).

Au cœur de la controverse, le caractère religieux ou pas de ces vêtements. Pour Jérôme Guedj, qui invite ses partenaires à gauche à ne « pas être angélique », il ne fait pas de doute. « Il y a des gens avec un projet politique de contestation de la laïcité », avance-t-il. Il fallait donc « envoyer une précision face à un phénomène qui n’existait pas il y a quelques années » et qui s’amplifie. En un an, les atteintes à la laïcité se sont accrues de 120 % entre l’année scolaire 2022-2023 et la précédente, selon une note des services de l’Etat citée par Le Monde le 28 août. « Les proviseurs demandaient un point d’appui », justifie l’élu.

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