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Le nickel en Nouvelle-Calédonie, un minerai essentiel pour l’archipel et pour les indépendantistes

En Nouvelle-Calédonie, il n’est guère de problème qui ne vienne de près ou de loin du nickel, ou qui ne ramène à lui. La Grande Terre, principale île de l’archipel, aujourd’hui sous le coup d’un état d’urgence, décrété après plusieurs nuits de violence, recèle entre 20 % et 30 % des réserves mondiales et produit 8 % du nickel transformé. Mais la filière de ce minerai, découvert en 1864 dans l’archipel mélanésien et très volatil sur le London Metal Exchange, la place boursière de Londres dévolue aux métaux, traverse, depuis plus de dix ans, une crise aux graves répercussions sociales.

« Le nickel coule de la chaîne et des massifs, il coule aussi dans les veines des Néo-Calédoniens et fait battre leur cœur. Il fait partie de leur vie, de leur histoire et de leur destin, résumait Joël Viratelle, quand il dirigeait la Maison de la Nouvelle-Calédonie, à Paris. L’“or vert” a toujours été un élément essentiel de la santé économique de la Nouvelle-Calédonie. » Mais aussi « la clé du “rééquilibrage” et du partage des richesses issus des accords de Matignon [1988] puis de Nouméa [1998] », ajoutait-il. Autant d’espoirs déçus, qui expliquent des manifestations et le blocage actuel de sites.

Ce secteur assure un quart des emplois directs et indirects. Le minerai est aussi crucial pour l’aval de la chaîne industrielle, puisqu’il entre dans la composition de l’acier inoxydable et des batteries automobiles. Mais son cours a dévissé de 45 %, en 2023, et continue de se dégrader, alors que l’Agence internationale de l’énergie prévoit, pourtant, un triplement de la demande, dans les vingt prochaines années. Dans son deuxième rapport annuel sur les métaux, publié vendredi 17 mai, elle prévient même que « la chute des cours masque le risque de tensions à venir sur l’approvisionnement ».

Usines à l’arrêt

Las, le paysage du nickel néo-calédonien est dévasté. La production a baissé de 32 % au premier trimestre. Le groupe français Eramet a enregistré une chute de ses ventes de 50 % en raison des difficultés persistantes de sa filiale Société Le Nickel (SNL), le premier employeur local. « Malgré une bonne performance opérationnelle, [elle] continue d’être structurellement déficitaire en raison du prix de l’énergie, de l’accès aux ressources et du coût de la main-d’œuvre », expliquait la PDG d’Eramet, en février. Christel Bories a fini par conclure, début mars, un accord avec le gouvernement pour assainir son bilan : les prêts de l’Etat à la SLN (320 millions) et la dette intragroupe (325 millions) seront convertis en un instrument de « quasi-fonds propres ».

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