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« Les gouvernements ont jusqu’ici préféré abandonner les ambitions climatiques et privilégier la soutenabilité budgétaire »

Le financement de la transition climatique est dans l’impasse. D’un côté, les Etats membres de l’Union européenne (UE) doivent réaliser les investissements nécessaires pour respecter leurs objectifs de réduction des émissions carbone et atteindre l’objectif net zéro à l’horizon 2050 – ces investissements sont massifs, pas forcément rentables et oscillent autour de 400 milliards d’euros par an pour l’ensemble de l’UE. De l’autre, ils sont contraints par les règles budgétaires européennes, récemment durcies, et la conjoncture économique, qui limitent leurs capacités d’endettement et de financement, sans oublier les nouveaux risques géopolitiques modifiant leurs priorités.

Pris dans cet étau, les gouvernements ont jusqu’ici préféré abandonner les ambitions climatiques et privilégier la soutenabilité budgétaire, la souveraineté industrielle et la défense. En France, le rabot de 2,1 milliards d’euros sur les crédits de 2024 consacrés à l’écologie dans le cadre du décret d’annulation visant à tenir nos objectifs budgétaires en constitue l’illustration la plus frappante.

Pour sortir de cette impasse, il est urgent d’ouvrir la discussion sur une capacité budgétaire européenne dévolue à l’accélération de la transition climatique. Elle pourrait prendre la forme d’un fonds européen pour le climat, qui permettrait à la fois d’assurer le financement de la transition et de partager l’effort de transition entre les Etats. Ce fonds, estimé dans un premier temps à 65 milliards d’euros annuels, répondrait à trois questions principales.

La première est celle de la répartition de la facture de la transition entre échelle européenne et échelle nationale. Ce fonds pourrait prendre en charge les dépenses relevant d’un bien commun européen : aujourd’hui le climat, demain la défense ou la souveraineté industrielle. Cette réflexion avait été amorcée avec la création en 2020 de NextGeneration EU, un programme de près de 800 milliards d’euros destiné déjà à financer la lutte contre le changement climatique, le numérique ou plus récemment l’aide à l’Ukraine. Outre son caractère dilué entre de multiples objectifs, il a vocation à s’éteindre en 2026.

Financement en commun

La deuxième est celle du financement de cette facture, et de sa répartition entre pays européens. Ce fonds pourrait en effet être financé à la fois par de nouvelles ressources propres (à l’instar de la proposition de l’économiste Gabriel Zucman de mettre en place un impôt européen sur la fortune), et par le versement d’un capital par les Etats membres, qui doit donc être réparti. Nous proposons que ce fonds soit financé selon une clé de répartition pondérée par deux critères : les capacités budgétaires et les émissions historiques de gaz à effet de serre.

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