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Les agences Moody’s et Fitch maintiennent la note de la France

Le ministre de l’économie et des finances français, Bruno Le Maire, près du Havre (Seine-Maritime), le 29 mars 2024.

Les agences de notation Moody’s et Fitch ont rendu leurs verdicts respectifs de printemps sur la dette souveraine française, vendredi 26 avril au soir : toutes les deux maintiennent leur appréciation inchangée.

Moody’s a maintenu le niveau Aa2 avec une perspective stable, jugeant le risque de défaut de la France très faible malgré la récente dégradation des finances publiques du pays. De son côté, Fitch, qui avait dégradé la note de l’Hexagone en 2023, l’a laissée au niveau AA −, avec une perspective stable également.

Le ministre de l’économie et des finances français, Bruno Le Maire, a affirmé, vendredi, avoir « pris note » des verdicts des deux agences. « Cette décision doit nous inviter à redoubler de détermination pour rétablir nos finances publiques et tenir l’objectif fixé par le président de la République : être sous les 3 % [du produit intérieur brut (PIB)] de déficit en 2027 », a-t-il déclaré dans un communiqué. « Nous tiendrons notre stratégie fondée sur la croissance et le plein-emploi, les réformes de structure et la réduction des dépenses publiques », assure le ministre.

Une succession de déconvenues

Ces verdicts constituent un soulagement pour M. Le Maire, car la notation des agences arrive après une succession de déconvenues dans les prévisions de Bercy.

En février, le gouvernement avait dû abaisser de 1,4 % à 1 % la croissance attendue cette année, et annoncer qu’il devait trouver en urgence 10 milliards d’économies sur le budget de l’Etat. A la fin de mars, c’est l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) qui annonçait que le déficit public avait dérapé à 5,5 % du PIB en 2023, au lieu des 4,9 % attendus. Enfin, le déficit public pour 2024, prévu à 4,4 %, a été relevé à 5,1 % du PIB par Bercy, qui a promis un nouvel effort de 10 milliards d’euros jusqu’à la fin de l’année.

Ces écarts dans les prévisions macroéconomiques proviennent, selon les économistes de La Banque postale, de « recettes inférieures de 21 milliards d’euros aux attentes » en 2023, davantage que des dépenses qui, pour leur part, « ont été maîtrisées », et augmentent de 3,7 %, contre 4 % en 2022.

Les agences de notation s’inquiètent aussi du montant de la dette, qui dépasse 3 000 milliards d’euros et atteint désormais 110,6 % du PIB français. « La dette française se situe 22 points de PIB au-dessus de la moyenne de la zone euro », observent les économistes dans leur dernière note de décryptage « Rebond » : « C’est le troisième ratio le plus élevé de l’Union européenne, après la Grèce et l’Italie. »

Des objectifs jugés « hors de portée »

Fitch observe, vendredi, que la note de la France se justifie à la fois par une économie « vaste et diversifiée », des institutions « fortes et efficaces » et « une stabilité reconnue » ; mais que cette notation est affaiblie par les finances publiques et, en particulier, le niveau élevé de dette.

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En avril 2023, Fitch avait dégradé la note souveraine de la France, l’abaissant d’un cran, à AA −, avec une perspective « stable ». Ce mois-ci, tout en jugeant « peu ambitieux et de plus en plus hors de portée » les objectifs de réduction du déficit avancés par le gouvernement d’ici à 2027, l’agence avait fait savoir qu’elle n’abaisserait pas la note, sauf « improbable » nouvelle aggravation importante de la dette.

Quant à Moody’s, qui place la France à Aa2 (c’est-à-dire un cran au-dessus de Fitch) avec une perspective « stable », elle juge aussi « improbable », comme le Fonds monétaire international (FMI) ou le Haut Conseil des finances publiques (HCFP), l’hypothèse d’un redressement du déficit public sous les 3 % du PIB en 2027, annoncé par le gouvernement pour se conformer aux obligations de Bruxelles. L’agence estime que la dette pourrait poursuivre sa progression jusqu’à presque 115 % du PIB en 2027, alors que le gouvernement pense qu’elle ne dépassera pas 112 % à cette date.

La perspective pourrait s’améliorer si le gouvernement « réussit à faire adopter et à appliquer des mesures » permettant de réduire significativement la dette, explique Moody’s. Mais la perspective et la note elle-même pourraient se dégrader à l’avenir si la situation de la dette se détériorait en France davantage que chez ses « pairs ». L’agence américaine avait déjà souligné, à la fin de mars, « les risques » liés à « des hypothèses économiques et de recettes optimistes, ainsi que des baisses sans précédent de la dépense ».

Dans l’attente de la note de Standard & Poor’s, fin mai

Les notes attribuées par les deux agences classent encore la dette française parmi celles de « haute qualité ». La France a perdu en 2012 son AAA, marquant les dettes souveraines les plus sûres, comme celle de l’Allemagne actuellement. Mais, malgré leurs critiques récurrentes, les agences ont fait preuve d’une certaine « magnanimité » envers Paris ces dernières années, en lui conservant des notes parmi les meilleures du monde, en raison de la « liquidité » de sa dette ou de la solidité des banques françaises, remarque Eric Dor, directeur des études économiques à l’Iéseg School of Management.

M. Le Maire, lui, veut rester « serein » dans la tempête : « Les agences font leur travail. Moi, je fais mon travail de ministre des finances, qui consiste à rétablir les comptes publics », a-t-il redit, mercredi, sur BFM Business. Le ministre aura encore à affronter le verdict de la troisième agence, la plus regardée, le 31 mai, à neuf jours des élections européennes. Standard & Poor’s note actuellement la France AA, mais sa perspective est négative, c’est-à-dire qu’elle a prévenu que la note pourrait baisser à moyen terme.

M. Le Maire devra défendre le programme de stabilité et les prévisions de retour du déficit public sous les 3 % du PIB en 2027 qu’il contient devant les députés, lundi, puis devant les sénateurs, mardi.

Les oppositions sont restées discrètes vendredi soir. Le rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, Jean-René Cazeneuve (Renaissance), a pour sa part aussitôt souligné que le maintien des notes de la France était « un signal positif qui valide notre politique de réduction du déficit et les décisions prises en début d’année dès que le ralentissement de la croissance s’est confirmé ».

Le Monde avec AFP

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