Close

Au Brésil, le président Lula peine à désendetter la population

Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, à Brasilia, le 8 avril 2024.

« Je ne vis que pour rembourser mes dettes ! », soupire Johnny de Souza Brandao, alors qu’il monte le stand où il vend des souvenirs aux touristes qui se promènent le long de la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro. Père de famille de 37 ans, il cumule trois emplois et travaille 16 heures par jour pour rembourser l’achat à crédit d’un micro-ondes de 200 reais (36 euros).

Lire aussi le décryptage | Article réservé à nos abonnés Au Brésil, pour Lula, une première année aux résultats encourageants mais fragiles

Après la perte de son emploi, cet ouvrier du bâtiment n’a pas pu rembourser la somme empruntée, qu’il avait échelonnée sur plusieurs mois. Très vite, le taux d’intérêt a fait grimper sa dette à 4 000 reais (730 euros), comme une « une boule de neige », explique ce travailleur informel, désormais privé de carte de crédit par sa banque. « Je dois demander à un ami de faire mes courses à ma place et je le rembourse petit à petit », regrette-t-il.

Comme Johnny de Souza Brandao, 40 % de la population brésilienne se trouve dans l’incapacité de payer ses dettes, selon les données du service de protection du crédit (SPC). Au Brésil, les faibles revenus d’une grande partie des citoyens ne leur permettent pas de subvenir à leurs besoins, les contraignant à recourir au crédit – dont l’accès a été facilité sous les premiers mandats de Luiz Inacio Lula da Silva (de 2003 à 2006, puis de 2007 à 2010) – même pour des achats essentiels.

« La procédure est trop bureaucratique »

Depuis la pandémie de Covid-19, cette situation est devenue critique : l’augmentation du chômage a grevé le pouvoir d’achat, faisant grimper le nombre de familles endettées de 63,6 % en 2019 à 76,6 % en 2023, d’après la Confédération nationale du commerce. En parallèle, la banque centrale a relevé le taux directeur, aujourd’hui fixé à 10,75 %, pour freiner l’inflation. Le taux d’intérêt facturé pour les crédits renouvelables a alors explosé, atteignant un taux moyen annuel de 440,8 % en 2023. « C’est impossible à rembourser ! », s’indigne Johnny de Souza Brandao.

Craignant que le surendettement provoque un ralentissement de la consommation, le président Lula a lancé le programme « Desenrola » (« dérouler »), en juillet 2023, en partenariat avec 600 entreprises, parmi lesquelles se trouvent les principales banques du pays. Celui-ci vise à renégocier les impayés de plus de 70 millions de personnes ayant eu lieu entre 2019 et 2022. « Nous allons sauver au moins 72 % de la population endettée et lui permettre de retourner sur le marché de la consommation », promettait ainsi l’ancien métallurgiste le 18 juillet 2023, lors de son émission hebdomadaire diffusée sur YouTube.

Il vous reste 56.94% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top