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« Repenser la “France moche” sans repenser la ville, c’est un cautère sur une jambe de bois »

Alors que la liste des 74 communes et intercommunalités lauréates du « programme de transformation des zones commerciales » a été annoncée le 29 mars, on a vu fleurir dans les médias des annonces nous promettant la fin de la « France moche ». Pourtant il est trop tôt pour envisager la fin ou même le début de la fin de celle-ci…

D’une part parce que, matériellement, le compte n’y est pas. Le saupoudrage de 24 millions d’euros pour 74 des 1 500 zones commerciales de France relève de l’anecdotique : nous sommes très loin des 5 milliards sur 5 ans d’un programme tel qu’Action Cœur de Ville, dédié aux seules villes moyennes. Le manque d’ambition est sans proportion avec l’éclairage médiatique.

Mais admettons – rien n’est moins sûr – que cet investissement dérisoire mais symbolique de l’Etat soit un facteur déclencheur qui incite l’ensemble des acteurs de l’urbanisme, du logement, de la distribution, du foncier, etc. à prendre à bras-le-corps le problème, celui-ci ne serait pas résolu pour autant.

Sortir du zonage monofonctionnel

En effet, à l’heure de la transition, repenser la « France moche » sans repenser la ville dans sa globalité, c’est un cautère sur une jambe de bois. Le principal écueil réside principalement dans un cadre de traitement du fait urbain trop marqué par le zonage : on repense nos zones commerciales comme si elles étaient isolées.

Certes, on souhaite sortir du zonage monofonctionnel (un espace dévolu à une fonction) pour appliquer une diversification fonctionnelle… sur ce même morceau de ville, mais sans penser à son intégration dans la ville. Cela revient à passer outre plusieurs problèmes pourtant cruciaux. D’une part un problème de localisation des espaces à requalifier.

Nos entrées de ville, comme leur nom l’indique, sont situées en bordure de pénétrantes urbaines, ou à proximité immédiate de nœuds routiers ou autoroutiers. Pas franchement l’endroit idéal pour penser le logement dans « la ville de demain », ou même pour développer des espaces de renaturation de type parcs urbains.

Revoir complètement les parcours de mobilité

Les zones commerciales concernées sont économiquement intéressantes au regard de leur accessibilité particulièrement efficace en automobiles : elles misent sur la capture de flux en plus de l’attractivité de leur offre. Or, changer les fonctions présentes ne fera pas tarir les flux : tous les flux inhérents à une entrée de ville subsisteront, à commencer par les flux pendulaires des habitants des zones périurbaines.

Cela suppose de repenser complètement les parcours de mobilité, de reconfigurer les chaînages de déplacement des citadins et des périurbains qui passent par là chaque jour, et à terme de changer les pratiques de mobilité de tous. Et cela suppose donc une réflexion lourde sur la gestion des mobilités qui ne peut être limitée au périmètre de la zone requalifiée.

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