Un adolescent de 15 ans a été retrouvé mort mardi 9 avril dans son lycée privé de Reims dans des circonstances encore floues. Ce jeune garçon est « mort dans les toilettes de l’internat » du lycée Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle, selon un communiqué du procureur de la République de Reims, François Schneider. « Aucune trace suspecte » n’a été retrouvée sur son corps et « la cause de la mort est inconnue », a-t-il souligné.
Une enquête pour rechercher les causes de la mort a été ouverte et une autopsie est prévue jeudi, a-t-il précisé. Le procureur doit tenir une conférence de presse ce même jour à 17 heures.
L’élève, qui manquait à l’appel au moment du repas, a fait un « malaise dans les toilettes », a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) le directeur du groupement scolaire dont fait partie le lycée, Didier Tilly, ajoutant qu’aucun cachet n’avait été découvert dans sa chambre.
« La lumière doit être faite sur cette tragédie : c’est ce que j’ai demandé au réseau dont fait partie cet établissement », la fondation de La Salle, a réagi sur X la ministre de l’Education nationale, Nicole Belloubet.
« Un poids énorme »
La direction de la fondation de La Salle, qui gère des établissements catholiques dans toute la France, s’est dite « atterrée » par cette mort. Elle a refusé de se prononcer sur un éventuel harcèlement, évoqué par trois élèves du lycée auprès de journalistes de l’AFP. Le procureur de Reims a souligné, de son côté, que le contexte de la mort de l’adolescent n’était « absolument pas clairement défini ».
Selon une élève de terminale de 18 ans, le jeune garçon avait été « discriminé sur son orientation sexuelle », ce dont il se serait plaint auprès de surveillants à plusieurs reprises, ainsi qu’à la vie scolaire. « Se faire charrier, insulter à cause de ça, c’était un poids énorme », a confié un autre élève. Il rapporte que l’adolescent avait été changé de chambre parce que « ça se passait mal à l’internat », sans amélioration de la situation. Un troisième, son voisin de chambre, assure qu’il a subi des « moqueries, des insultes dans le dos » et que le personnel était « au courant ».
C’était « un jeune qui était en recherche » sur lui-même, « qui se questionnait, comme beaucoup de jeunes de son âge », a expliqué M. Tilly.
Bénévole depuis la rentrée de septembre 2023 au sein de Radio Jeunes Reims, une radio associative basée dans le lycée mais indépendante de l’établissement, il « venait chez nous prendre un peu de liberté », selon James Jouffroy, responsable de la station. « Passionné d’audiovisuel », il trouvait à la radio « un moyen de se libérer de sa timidité », ajoute le responsable associatif, qui le voyait toujours souriant dans les couloirs du lycée, « toujours avec des amis, aussi bien des garçons que des filles ».
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Un bouquet de roses blanches a été déposé devant l’entrée de l’établissement, resté ouvert mercredi. Une cellule psychologique a été mise en place en accord avec le diocèse.
Franck Leroy, président de la région Grand-Est, a fait part sur X de son « émotion » devant un « drame bouleversant ». Le directeur de cabinet du recteur de l’académie de Reims « s’est rendu dans l’établissement afin d’apporter son soutien », a déclaré le rectorat, sans étayer les soupçons de harcèlement.
Le harcèlement scolaire a été au cœur de l’actualité en 2023, après une série de cas dramatiques, dont le suicide de Lindsay, 13 ans, en mai dans le Pas-de-Calais, et celui de Nicolas, 15 ans, en septembre dans les Yvelines.
Le gouvernement a réagi fin septembre 2023 en annonçant l’instauration de « cours d’empathie » à partir de septembre, la confiscation des téléphones des auteurs de cyberharcèlement grave, et la saisine « systématique » du procureur de la République en cas de signalement.