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Le « Béarn », premier porte-avions français malgré lui

Un bombardier-torpilleur Levasseur PL 7 décollant du porte-avions français « Béarn », en 1935.

Le destin du Béarn, tout premier porte-avions français, n’a rien d’ordinaire. Le bâtiment avait été conçu avant la première guerre mondiale comme un cuirassé de la classe Normandie. Commencée en janvier 1914 à La Seyne-sur-Mer (Var), sa construction a été interrompue par la guerre. Après plus de trois ans sur cale, le Béarn sera le seul cuirassé des quatre prévus à être terminé.

« A l’époque, la marine nationale ne croyait pas au porte-avions et avait fait le choix du transport d’hydravions, raconte l’amiral Jean-Louis Vichot. Puis une délégation française s’est rendue au Royaume-Uni et a découvert le HSM Argus, un ancien paquebot transatlantique transformé en porte-avions. » Cette visite signe un changement de cap : la France décide la construction de deux porte-avions et de transformer de la sorte deux de ses cuirassés. Seule celle du Béarn sera finalement réalisée.

En 1928, il entre en service actif et accueille une première flottille de trois escadrilles : chasse, bombardement et reconnaissance. Malgré des refontes à répétition, le problème de son poids et de sa vitesse n’est jamais réglé. L’ancien cuirassé reste lourd et lent.

Au milieu des années 1930, il est engagé dans de premières missions comme la chasse aux corsaires de surface allemands, dans l’Atlantique Nord. Mais c’est avec l’évacuation des tonnes d’or de la Banque de France qu’il va marquer l’histoire.

De Toulon à l’Indochine

Au début de la seconde guerre mondiale à Paris, la deuxième réserve au monde est menacée par l’arrivée des Allemands dans la capitale. Lors de la guerre franco-prussienne de 1870, l’or avait été expédié à Brest et, en 1914-1918, il avait été caché dans le Massif central. Mais en 1939, les 1 777 tonnes d’or appartenant à la France – ainsi qu’à la Belgique et la Pologne – commencent à être réparties dans différents ports français. Entre septembre 1939 et avril 1940, quatre convois permettent d’évacuer 400 tonnes vers New York, via le Canada, par croiseurs rapides, pour éviter les sous-marins allemands.

En mai 1940, le ministre des finances, Lucien Lamoureux, ordonne l’évacuation du reste du stock. Le 19 mai, le Béarn quitte Toulon avec 195 tonnes à bord, flanqué des croiseurs Emile-Bertin et Jeanne-d’Arc. « La cargaison était censée payer les avions achetés aux Etats-Unis et le Béarn devait les convoyer », explique l’amiral Vichot.

Le porte-avions atteint le port canadien d’Halifax, charge les avions… Las, la défaite le déroute vers la Martinique. Il est placé en gardiennage à Fort-de-France pendant trois ans. Repris par les Forces navales libres, il est transféré au chantier naval d’Avondale (Louisiane) puis sur la base de Norfolk (Virginie) et, enfin, à New York où il charge des avions destinés au Royaume-Uni. Destination Casablanca, au Maroc, qu’il atteint en mars 1945 malgré une collision mortelle avec un transport de troupes américain durant sa traversée.

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