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« La belle collecte de la noisette »

La France a fait le plein de noisettes. N’en tirez pas une conclusion hâtive sur les finances de l’Etat, qui, elles, sont raplapla. Non, la belle nouvelle concerne le petit fruit à coque prisé des chocolatiers. D’ailleurs, en cette période où le cours du cacao caracole au plus haut, franchissant même la barre des 10 000 dollars (environ 9 300 euros) la tonne, les fabricants seront peut-être tentés d’ajouter plus de fruits du noisetier dans leurs recettes chocolatées.

« Nous avons fait une bonne récolte de noisettes en 2023 : elle s’est élevée à 11 000 tonnes, à comparer aux 5 600 tonnes de 2022 et aux 7 200 tonnes de 2021 », témoigne Jean-Luc Reigne, directeur général de la coopérative spécialisée Unicoque, installée à Cancon (Lot-et-Garonne). Deux années de suite, le gel printanier s’était attaqué aux arbres fruitiers et les noisettes avaient pris un coup sur la coque. Rien de tel en 2023.

Toutefois, ce n’est pas pour cette belle collecte que la noisette est sous le feu des projecteurs médiatiques. Comme le chou, le poireau, l’oignon, l’endive ou la pomme, elle vient se glisser dans la farandole des fruits et légumes qui viennent défiler au ministère de l’agriculture pour demander leur dose de pesticides. Quand les néonicotinoïdes – les insecticides « tueurs d’abeilles » – ont été interdits en France en 2018, chacun a découvert que les noisiculteurs les utilisaient pour protéger leur culture. Ils ont obtenu une dérogation de deux ans.

Un goût amer

La noisette a toujours eu fort à faire avec un ravageur au nom badin de balanin, un petit charançon qui pond et se nourrit de l’amandon. Mais depuis quelques années, elle subit une nouvelle attaque, celle de la punaise diabolique. Rien à voir avec la punaise de lit, qui a suscité l’hystérie à l’automne 2023, mais ce parasite venu d’Asie est tout autant source d’ennui. Il pique le fruit encore vert et lui laisse un goût amer. « Les fruits sont triés à l’œil et les lots trop attaqués sont dirigés vers des utilisations industrielles. D’où une perte de valeur qui peut atteindre 10 millions d’euros », explique M. Reigne.

La filière a récolté des noisettes de l’Europe et de la région Nouvelle-Aquitaine pour lancer un programme de recherche. « Nous avons trouvé un parasitoïde, une microguêpe qui pond dans les œufs de la punaise. Les premiers lâchers dans les vergers ont été réalisés [en 2024] », raconte M. Reigne. Une piste très prometteuse.

En attendant, les producteurs de noisettes veulent à nouveau s’armer d’un néonicotinoïde, l’acétamipride. Leur argument : il est utilisé en Italie puisque encore autorisé en Europe. Toc, toc, les néonicotinoïdes tapent à la porte des fruits à coque !

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