Close

La laïcité est « plus que jamais menacée » à l’école, selon Gabriel Attal

Le premier ministre, Gabriel Attal, répond aux journalistes de l’Agence France-Presse, à l’hôtel Matignon, le 13 mars 2024.

Le premier ministre, Gabriel Attal, juge la laïcité « plus que jamais menacée » à l’école et promet la mise en place de « cellules d’appui pédagogiques » pour aider les professeurs confrontés à des « résistances, voire à des contestations », dans un entretien accordé, mercredi 13 mars, à l’Agence France-Presse (AFP).

« Ce qui m’inquiète le plus aujourd’hui, c’est qu’on assiste à une augmentation du nombre de signalements pour contestation d’enseignement. J’y vois à la fois le signe que les ennemis de la laïcité sont toujours présents et cherchent à infiltrer l’école et à l’affaiblir », mais aussi « le signe qu’une parole se libère » chez les enseignants, déclare le chef du gouvernement, à deux jours du vingtième anniversaire de la loi contre le port de tenues ou de signes religieux ostentatoires à l’école.

Les « cellules d’appui pédagogique » seront, selon lui, « joignables directement par les professeurs qui appréhendent une séquence d’enseignement, qui font face à des résistances, voire à des contestations de leurs enseignements ».

Il s’agira « d’un contact au niveau du rectorat qui puisse leur proposer trois grandes solutions : un accompagnement pédagogique avec des professeurs référents qui peuvent leur donner des conseils pour aborder certaines séquences du programme, une présence physique d’un personnel non enseignant au sein de la classe, ou la présence physique d’un personnel formé, faisant partie par exemple des équipes académiques “valeurs de la République” ».

Gabriel Attal, qui a interdit, lorsqu’il il était ministre de l’éducation nationale, le port de l’abaya et du qami, des tenues musulmanes, se félicite « qu’aujourd’hui, les signalements pour port de signes et de tenues religieuses [soient] au plus bas ». « C’est une victoire sans précédent pour la laïcité depuis 2004 », souligne-t-il.

« La règle, c’est le groupe » de niveau

Gabriel Attal persiste en outre dans son intention, très contestée, de mettre en place des groupes de niveau en français et en mathématiques au collège, assurant qu’ils seraient « la règle » dans ces matières, et la classe entière « l’exception ». Il y aura bien « trois groupes selon le niveau de difficulté des élèves, avec un objectif : qu’on puisse faire le point sur le niveau des élèves, ce qui permettra de changer de groupe », promet-il.

Après des semaines de consultations, la ministre de l’éducation, Nicole Belloubet, arrivée Rue de Grenelle il y a un mois, avait annoncé la semaine dernière une « certaine souplesse » dans la mise en place, l’an prochain, en 6e et en 5e, de ces groupes, censés élever le niveau des élèves. Préférant les qualifier de « groupes de besoin », elle a évoqué la possibilité de « rassembler les élèves en classe entière » à certains moments, ce qui a soulagé les syndicats enseignants, qui y ont vu un infléchissement de cette réforme, à laquelle ils sont fortement opposés. Gabriel Attal avait toutefois réaffirmé dès le lendemain qu’il s’agirait bien de « groupes de niveau ».

« Qu’importe le nom, pourvu qu’il y ait la mesure », dit-il dans l’entretien accordé à l’AFP, sans préciser si l’expression « groupe de niveau » figurerait dans les textes officiels qui seront publiés vendredi pour mettre en place le « choc des savoirs » – l’ensemble de mesures décidées pour élever le niveau des élèves.

Le chef du gouvernement promet des moments en classe entière, mais ajoute « que, sur les trois quarts de l’année au moins, il faut que les élèves suivent leurs enseignements en français et en mathématiques dans les groupes de niveau. Donc, la règle, c’est le groupe, et l’exception, très encadrée, c’est la classe ».

Le Monde

Offre spéciale étudiants et enseignants

Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 9,99 €/mois au lieu de 11,99 €.

S’abonner

« C’est très agaçant de voir que Gabriel Attal reste campé sur sa décision de faire du groupe de niveau la règle », a réagi auprès de l’AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées). Selon elle, le premier ministre « reste déconnecté de la réalité de ce qui se passe en classe et il n’a pas pris du tout en compte le rejet des enseignants et des parents d’élèves sur ce sujet ».

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE-UNSA, « il est urgent d’attendre la publication des textes officiels ». « Dire que la classe, c’est l’exception est une souplesse relative » et « on persiste à penser que les groupes sont néfastes pour les élèves », a-t-il dit à l’AFP.

Pas de divergences avec Nicole Belloubet

Les syndicats enseignants et de chefs d’établissements craignent un « tri » des élèves et un manque de moyens. Depuis janvier, des mobilisations ont eu lieu contre cette réforme. Interrogé à ce sujet, Gabriel Attal réfute toute idée de « stigmatisation » des élèves et juge que « la principale inquiétude de beaucoup de parents » est plutôt « de savoir si l’organisation de l’école va permettre à leurs enfants de progresser ».

Concernant les moyens, il assure que « si on se rend compte, ici ou là, dans telle académie, dans tel établissement, que des postes supplémentaires sont nécessaires, on continuera à y ajouter des moyens ».

Le premier ministre nie par ailleurs toute « divergence » avec la ministre de l’éducation sur ce sujet. « Chacun sait combien il faut qu’on soit unis pour notre école. Le cap est très clair. Il a été fixé par le président de la République. La feuille de route est là. L’école est, avec Nicole Belloubet, entre de très bonnes mains », assure-t-il. Le premier ministre ajoute ne pas vouloir reprendre les sujets de l’éducation nationale en main, alors qu’il multiplie cette semaine déplacements, réunions et discours consacrés à l’école.

Après une visite lundi à Arras, où l’enseignant Dominique Bernard a été tué il y a cinq mois, il se rendra jeudi dans un collège de Chartres, dans l’Eure-et-Loir, avec la ministre de l’éducation. Il y animera une réunion en visioconférence avec les chefs d’établissements (collèges, lycées), en particulier sur les groupes de niveau. « J’ai dit le jour de ma nomination à Matignon que j’emmenais avec moi la cause de l’école, rappelle-t-il. Je n’ai jamais perdu le fil. »

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top