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« Je ne suis intervenu en rien, je ne suis au courant de rien » : l’audition de Vincent Bolloré à l’Assemblée sur son rôle dans le Groupe Canal+

« Il n’y a pas un jour où je ne pense pas à cette vie que j’ai contribué à supprimer. » Cela fait près d’une heure que Vincent Bolloré s’exprime devant la commission d’enquête sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de la télévision numérique terrestre, mercredi 13 mars à l’Assemblée nationale, quand une certaine gêne s’installe dans la salle Lamartine.

L’ancien président du conseil de surveillance de Vivendi et ancien président du conseil de surveillance du Groupe Canal+ répond alors sous serment à une question du rapporteur Aurélien Saintoul (La France Insoumise, LFI, Hauts-de-Seine), curieux de savoir s’il considère comme « une faute grave » l’assimilation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) à une cause de mortalité, faite dans l’émission « En quête d’esprit » du 25 février sur la chaîne CNews.

« J’étais faible, je n’ai pas fait attention, j’ai laissé faire [ma femme] », se repent Vincent Bolloré. Panique silencieuse dans les rangs. Quelques instants plus tôt, le milliardaire breton a renvoyé dos à dos « la liberté des gens de disposer d’eux-mêmes et la liberté des enfants à vivre ». « Vos avis intimes et politiques ne concernent pas l’objet de cette commission d’enquête », s’empresse de l’interrompre, un peu épouvanté, Quentin Bataillon (Renaissance, Loire), le président de la commission. « Je suis né catholique, je suis tombé dedans quand j’étais petit, se justifie encore l’industriel. Ça ne m’a pas quitté. C’est une grande force dans la vie et voilà. Mais tout en laissant les gens libres, chacun fait ce qu’il veut. Je suis pour la liberté. »

Jusque-là, le public de journalistes et de curieux avait surtout eu le sentiment d’assister à une rediffusion. Celle d’une autre audition, lors d’une autre commission d’enquête, au cours de laquelle l’industriel breton sans « aucun titre ni pouvoir » – autre que celui de conseiller auprès du président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine – n’avait eu de cesse de minimiser son rôle et son influence sur les chaînes du Groupe Canal+. C’était le 19 janvier 2022, devant les sénateurs enquêtant sur la concentration dans les médias. Vincent Bolloré avait mené son auditoire là où il souhaitait l’emmener, au cœur du passé glorieux de sa famille et dans le tourbillon de l’histoire mouvementée d’une entreprise familiale qu’il a menée « dans les 500 premiers groupes mondiaux ».

L’art d’émousser les flèches des élus

Détendu, patelin, Vincent Bolloré rappelle souvent Nicolas Sarkozy dans son expression, lorsque l’ancien président tord les expressions ou maltraite la grammaire. Il a en tout cas l’art d’émousser les flèches des élus – pour ceux, peu nombreux, qui avaient prévu d’en tirer.

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