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Aya Nakamura, qui pourrait chanter aux Jeux olympiques de Paris 2024, prise pour cible par l’extrême droite

La chanteuse Aya Nakamura arrive à la présentation de la collection Givenchy Womenswear automne-hiver 2023-2024 lors de la fashion week de Paris, le 2 mars 2024.

Alors que la chanteuse Aya Nakamura est pressentie pour chanter lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, cette dernière a été stigmatisée le week-end passé lors d’un meeting du parti d’extrême droite Reconquête ! et a été la cible d’une banderole raciste brandie par un groupuscule d’ultradroite. Elle a reçu de nombreux soutiens de la part de pairs du monde de la musique et de plusieurs responsables politiques.

Selon l’hebdomadaire L’Express, l’artiste aurait évoqué avec Emmanuel Macron, lors d’un entretien en février, son éventuelle participation à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, avec la possibilité qu’elle interprète une chanson d’Edith Piaf. Ni le président de la République ni l’artiste n’ont confirmé cette rumeur.

Dimanche, des huées ont retenti à l’évocation du nom de la chanteuse franco-malienne par Eric Zemmour, lors du premier grand meeting de campagne de son parti Reconquête !, organisé au Dôme de Paris en vue des élections européennes. La veille, le groupuscule d’ultradroite Les Natifs a posté sur ses réseaux une photo d’une banderole tendue par une dizaine de ses membres sur les bords de Seine. « Ya pas moyen Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako ! », pouvait-on y lire. L’expression « Y a pas moyen » est une référence au hit Djadja de la chanteuse, qui cumule plus de 950 millions de vues sur YouTube.

La chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde a réagi à cette banderole sur ses réseaux sociaux : « Vous pouvez être raciste mais pas sourd… C’est sa qui vous fait mal ! Je deviens un sujet d’état numéro 1 en débats ect mais je vous dois quoi en vrai ? Kedal. »

« Racisme décomplexé » et « lynchage » dénoncés

Kalash Criminel, Gazo, Eva Queen, Nej, Still Fresh… De nombreux artistes du monde du rap et du R’n’B ont apporté leur soutien à Aya Nakamura. Le chanteur Dadju, un des poids lourds de l’industrie en France, a pris la défense de la chanteuse : « C’est pour ca qu’on est en retard ici. Vous lynchez la plus grosse artiste du pays avec des arguments de CM1… C’était meme pas un combat mais mtn [maintenant] faut qu’elle chante, nous on va soutenir. C’est pas bamako, c’est pas bamako. Bande de chiens. »

« [On est en] 2024 et on en est encore là ? ! Un slogan bien pourrit pour afficher un racisme décomplexé ! Avoir une artiste racisée et talentueuse chanter aux JO ça vous frustre ! Cachez bien vos visages, vous méritez rien bande de merde », s’est aussi indignée la chanteuse Wejdene, en solidarité avec Aya Nakamura.

Côté politique, la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, a diffusé le message suivant sur ses réseaux : « Peu importe comme on vous aime, chère @AyaNakamuraa, foutez-vous du monde entier. Avec vous. » « Bien cachés derrière leur banderole ces délinquants racistes. Ils prétendent aimer leur pays mais ils veulent en exclure la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde depuis Edith Piaf. On ne peut pas être raciste et patriote en France. Soutien à Aya Nakamura », a publié le député « insoumis » Antoine Léaument sur X.

La députée écologiste Sandrine Rousseau a écrit sur le même réseau social : « Le racisme derrière le refus d’@AyaNakamuraa est indécent. C’est une des meilleures, une Queen internationale. Et ça donnera une autre image de la France. Une image d’une France ouverte et tolérante. Pas celle des petits pieds. Vivement [sa prestation lors de la cérémonie d’ouverture des JO]. » La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a aussi apporté son soutien à la chanteuse, « victime d’un groupuscule archéo-raciste », sur X.

Lire aussi le portrait | Article réservé à nos abonnés Aya Nakamura, la « Queen » de la pop française

Les détracteurs d’Aya Nakamura raillent notamment les libertés qu’elle prend avec la langue française, comme dans Djadja, mêlant vocabulaire et images venues du monde entier (« J’suis pas ta catin, Djadja, genre, en catchana baby, tu dead ça »). Mais pour Boris Vedel, directeur du festival du Printemps de Bourges, qui a réagi aux attaques qui ciblent l’artiste auprès de l’Agence France-Presse, « si on interdisait à la culture française de s’enrichir des autres ou de ceux qui s’amusent malicieusement avec la langue française, on n’aurait pas Renaud, Brassens, Baudelaire ».

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« C’est hallucinant, c’est impardonnable que des racistes puissent s’en prendre à une artiste pour ses origines et sa couleur de peau, alors que les JO transcendent les frontières », a déploré auprès de l’agence de presse Angelo Gopee, patron de Live Nation France, antenne nationale d’un des plus gros producteurs de spectacles du monde.

Le Monde avec AFP

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