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Le vote choc des Suisses pour un treizième mois de retraite

Le conseiller aux Etats Pierre-Yves Maillard (Parti socialiste), après la victoire du oui à l’initiative populaire « Mieux vivre la retraite », à Berne, en Suisse, le 3 mars 2024.

A quelques semaines du scrutin, l’influent quotidien populaire zurichois Blick le qualifiait déjà d’homme « le plus puissant du pays », pressentant un authentique séisme politique dans un pays où le sismographe est habituellement plat, puisque la majorité (à droite) n’a jamais changé depuis 1848 et la fondation de l’Etat moderne.

Dimanche 3 mars, le conseiller aux Etats (sénateur) Pierre-Yves Maillard (Parti socialiste suisse, PSS), également président de l’Union syndicale suisse (USS), a en effet remporté l’une des plus âpres batailles politiques disputées dans le pays alpin ces dernières années. Avec 58,2 % de suffrages pour le oui au niveau national et une majorité des cantons favorables à la proposition, les citoyens suisses ont accepté l’initiative populaire « Mieux vivre la retraite », lancée par les syndicats et soutenue par le PSS et Les Verts, pourtant très largement minoritaires sur l’échiquier politique helvétique.

Le texte vise à renforcer la sécurité sociale, par le versement d’une treizième allocation mensuelle de retraite (appelée localement 13e rente), ce qui représente une hausse annuelle de 8,33 %. Le gouvernement fédéral de coalition recommandait de rejeter l’initiative, tout comme le patronat, qui a jeté toutes ses forces dans la bataille ces dernières semaines, brandissant l’argument d’une « faillite » prévisible de la caisse de retraite nationale, l’AVS (Assurance vieillesse), véritable institution suisse depuis sa fondation à la sortie de la seconde guerre mondiale.

« Changer le cap »

Modeste, Pierre-Yves Maillard s’est refusé à évoquer une victoire personnelle, malgré la personnalisation dont il a fait l’objet pendant la campagne. « En Suisse, le plus fort est toujours le peuple. Le résultat de la votation prouve que le pacte social fonctionne encore », a déclaré le sénateur vaudois. Selon lui « les autorités fédérales n’ayant donné aucune réponse à la crise du pouvoir d’achat, la population a saisi l’occasion qui lui était donnée de changer le cap ».

Même si la Suisse parvient, contre vents et marées, à s’en sortir toujours un peu mieux que ses voisins européens pendant les crises (elle n’a, par exemple, pas connu de récession en 2020 pendant la première année de la pandémie de Covid-19), une succession de hausses des prix ces trois dernières années a fini par essorer, ici comme ailleurs, la classe moyenne.

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Le coût du logement et les primes d’assurance-maladie ont notamment connu des hausses très fortes, alors que ces deux secteurs ne sont pas entièrement comptabilisés dans le calcul du taux d’inflation en Suisse. Aussi, ce dernier (2,1 % en 2023) est-il particulièrement trompeur en regard de la dégradation du budget réel des ménages. C’est sans doute ce qui a rendu possible cette étonnante victoire de la gauche dans un pays à droite depuis des temps immémoriaux.

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