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« Bitch », un livre qui réhabilite le féminin chez les animaux

Dans son journal, Charles Darwin pèse, en 1838, les inconvénients et les avantages du mariage. Un argument en faveur de la vie partagée avec une femme ? « Une compagne fidèle et une amie dans la vieillesse… mieux qu’un chien en tout cas. » De quoi passer pour un mufle, jusque dans ses recherches sur le monde animal. Les femelles sont absentes de son Origine des espèces (1859), l’ouvrage révolutionnaire qui a consacré la théorie de l’évolution. Imprégné par les mœurs patriarcales de l’époque victorienne, le naturaliste les a cantonnées à des vies de langueur, de monogamie et de maternité. Aux femelles la charge de procréer et de veiller sur leur progéniture, aux mâles la puissance, le choix de la partenaire et la sexualité sans entrave.

« Une vision tronquée mais extrêmement influente », constate la zoologiste Lucy Cooke : le pouvoir des femelles dans le monde animal a longtemps été ignoré par la science. Dans son livre Bitch, l’autrice plaide pour que les recherches sur les espèces animales ne prennent pas pour spécimen type un seul sexe. Surtout, elle y démonte les stéréotypes les plus tenaces sur la prétendue passivité des femelles.

Dans l’imaginaire collectif, l’espèce la plus connue pour ne faire qu’une bouchée de son partenaire, c’est la mante religieuse. Ce cannibalisme sexuel lui permet d’absorber les calories de son amant, et donc d’augmenter ses chances de survie. Un trait gourmand partagé par des araignées et qui vaut aux mâles d’adapter leur approche, du « plan à trois » de l’araignée-loup – l’un des deux attire son attention – ou du « bondage soft » de l’araignée à œufs américaine – il la ligote.

Guerre des sexes

« L’amour est un champ de bataille, et le conflit sexuel apparaît aujourd’hui comme une force évolutive majeure, qui agit de façon antagoniste sur les sexes », remarque Lucy Cooke. Elle précise : « La compétition des femelles influence tout autant – voire plus – le chemin pris par l’évolution que les combats des mâles. » Cette guerre des sexes vaut chez la femelle du canard un vagin sophistiqué, qui lui permet de choisir sa descendance malgré l’accouplement forcé. Ces comportements brutaux se manifestent aussi entre elles. Chez les antilopes topis, les femelles se battent à coups de cornes pour copuler avec le mâle le plus sexy.

« Dans tout le règne animal, les femelles se sont fait la malle du manoir Playboy, et mènent des vies sexuelles libérées, dans leur propre intérêt et dans celui de leur famille, sans qu’il y ait de honte à cela », écrit Lucy Cooke. Elles sont autoritaires chez les hyènes, volages comme 90 % des femelles oiseaux, elles dirigent les groupes comme chez les éléphants et les orques, ou forment des coalitions chez les bonobos, afin de mettre la pression sur un mâle agressif.

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