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Les « prix planchers » proposés par Emmanuel Macron divisent le monde agricole

Emmanuel Macron, au Salon de l’agriculture, à Paris, le 24 février 2024.

La déclaration d’Emmanuel Macron sur la création de prix planchers pour mieux rémunérer les agriculteurs a soulevé d’intenses réactions dans le monde agricole. Depuis cette proposition surprise avancée samedi 24 février, d’abord devant les journalistes, puis face à quelques agriculteurs conviés à un mini-débat, dans un contexte de tension inédit pour une journée d’inauguration du Salon de l’agriculture, le sujet est au cœur des débats dans les allées.

Bruno Le Maire l’a repris à son compte, lundi 26 février, et a tenté d’en faire l’exégèse lors d’une réunion sur la compétitivité agricole, regroupant représentants des filières et élus. « Le président de la République a pris une position forte sur ce sujet. (…) Il a voulu dire quelque chose de puissant : les producteurs doivent avoir la garantie que, quelles que soient les circonstances, ils seront justement rémunérés », a-t-il déclaré.

Avant d’ajouter : « Je propose qu’on travaille ensemble sur ce prix plancher, notamment en travaillant sur des indicateurs de prix, filière par filière, parce qu’évidemment les choses seront très différentes. Pour qu’on regarde comment le prix est construit et qu’au bout du compte, le producteur puisse avoir la rémunération à laquelle il a droit. »

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Pour la loi EGalim4

A l’issue de la réunion, il a tenu à défendre une nouvelle fois la proposition présidentielle, en spécifiant : « Le prix plancher n’est pas un prix unifié. Je ne vois pas pourquoi le monde agricole serait le seul à vendre à perte. C’est injuste moralement et inefficace économiquement. »

Le ministre de l’économie souhaite faire entrer ce dispositif dans la nouvelle mouture de la loi EGalim, baptisée EGalim4. Ce texte, censé mieux répartir la valeur au sein de la chaîne alimentaire, devrait être amendé pour rendre indispensable l’accord entre industriel et producteur avant toute négociation avec la grande distribution. Il devrait également s’élargir à d’autres secteurs que la distribution.

Le syndicat de la Confédération paysanne a salué l’évocation du prix plancher par M. Macron, considérée comme « une avancée ». Le syndicat agricole en avait fait une de ses revendications phares pour assurer le revenu des agriculteurs. Le Mouvement de défense des exploitants familiaux demandait également instamment ce dispositif face à la détresse des viticulteurs du sud de la France, contraints d’écouler leurs vins bien en deçà de leurs coûts de production.

La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles est plus circonspecte, craignant qu’il ne devienne un prix de marché. Il est vrai que dans ses rangs, certaines filières ne veulent pas en entendre parler, à l’exemple de la filière céréalière. « Il va falloir nous expliquer ce qu’est ce prix plancher. Soit c’est un coup de com et c’est maladroit, soit c’est dans la loi EGalim, mais cette mécanique ne s’applique pas à la filière céréalière qui a demandé à en être exemptée », réagit Eric Thirouin, président de l’Association générale des producteurs de blé. Les céréaliers s’inscrivent dans un marché libéralisé où les cours sont fixés sur les marchés comme Euronext, pour l’Europe.

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