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Mayotte au bord de l’effondrement économique

Un membre du collectif Forces Vives se tient sur un barrage routier, à Passamainty, le 15 février 2024, pour protester contre les conditions de vie et l’insécurité  à Mayotte.

Des salariés qui ne viennent plus travailler, des clients qui ne se déplacent plus, des administrations aux abonnés absents, des factures impayées : en danger, les entreprises de Mayotte supplient le gouvernement de les soutenir, à l’orée d’une cinquième semaine de blocages des routes dans le département. Mardi 20 février, douze barrages animés par des collectifs citoyens protestant contre l’insécurité et l’immigration irrégulière restaient en place, dans le centre et le sud de l’archipel, malgré des appels à suspendre le mouvement.

Celui-ci s’enlise, dans une économie déjà aux abois en raison de l’empilement récent des crises – Covid-19, crise de l’eau, insécurité chronique, explosion démographique non contrôlée dans le petit territoire de 374 km2.

« C’est une catastrophe, alerte Carla Balthus, présidente du Medef à Mayotte. L’économie mahoraise meurt à petit feu. Après les grosses difficultés de 2023, l’année 2024 est cuite. Nous n’allons pas nous en sortir. Certains chefs d’entreprise sont au bout du rouleau et psychologiquement atteints. »

« C’est carrément l’arrêt »

Les demandes d’indemnisation d’activité partielle concernent déjà plus de 5 000 salariés sur les 21 000 du secteur privé local. Et les pertes de chiffre d’affaires depuis le début du mouvement des barrages, le 22 janvier, oscilleraient entre 80 % et 100 % selon les cas, estime la responsable patronale dans le 101e département français. Certains secteurs – sociétés de bus, garages – ont, en outre, été directement atteints par des actes de vandalisme au gré des épisodes de violences qui opposent entre elles les bandes « intervillages ».

« J’ai bloqué l’argent que je dois à mes fournisseurs pour payer mes prêts et mes charges, témoigne Salim Maoulida, patron d’une petite société d’électricité de quatre employés. Après deux ans de crise de l’eau, c’est carrément l’arrêt. » Deux de ses techniciens ont démissionné, l’un étant reparti dans l’Hexagone, traumatisé après avoir été agressé récemment sur la route, et le patron a dû reprendre les chantiers. « On a du mal à se projeter, à oser investir. L’insécurité fait que c’est toujours le stress, au travail comme à l’intérieur de sa maison », ajoute M. Maoulida, qui a décidé d’installer femme et enfants à La Réunion.

Dans leur courrier du 14 février aux élus locaux, qui confirmait le projet de supprimer le droit du sol à Mayotte, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et sa déléguée aux outre-mer, Marie Guévenoux, ont promis d’une simple phrase que « le gouvernement veillera à mettre en place les dispositifs d’aide aux entreprises afin de les accompagner dans le contexte économique actuel ». Mme Guévenoux sera invitée à les préciser lors d’un déplacement à Mamoudzou prévu juste après l’installation du nouveau préfet le 24 février.

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