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Comment les « groupes de niveau » en maths et en français affecteront concrètement les cours dans les collèges

Les enseignants du collège Anatole France se mobilisent contre la politique du « choc des savoirs » annoncée par Gabriel Attal et le manque des moyens dans les collèges, sur le cours Pierre-Puget, à Marseille, le 12 février 2024.

Julien et ses collègues n’avaient prêté qu’une oreille lointaine à Gabriel Attal lorsque ce dernier, alors ministre de l’éducation nationale, avait annoncé début décembre 2023 la création de groupes de niveau en mathématiques et en français au collège. « On a cru à un énième effet d’annonce, et on a pensé que ça ne concernerait qu’une heure de cours ou deux », se souvient ce professeur d’histoire-géographie de Nantes, qui a souhaité rester anonyme, comme d’autres personnes interrogées. Puis, en janvier, son collège a reçu sa « dotation horaire globale », l’enveloppe d’heures qui permet aux établissements de financer leurs cours, et ils ont fait les calculs. « Là, on a compris ce que le ministère voulait faire et on a mesuré toutes les conséquences pour les élèves et pour nous », raconte-t-il. En écho à de nombreux autres interlocuteurs du Monde, il évoque la « sidération » voire « l’affolement » des équipes.

En septembre 2024, les collégiens de 6e et de 5e devront théoriquement être répartis en trois « groupes de niveau », de quinze élèves au maximum pour les plus faibles, pour toutes leurs heures de maths et de français. Ils continueront à évoluer au sein de classes hétérogènes dans les autres disciplines. A cette fin, le ministère de l’éducation nationale a annoncé des financements spécifiques et 2 330 postes spécifiques. « Les recteurs ont octroyé des enveloppes d’heures variables selon des critères peu transparents, mais tous les établissements n’en ont pas reçu, et beaucoup n’en ont pas eu suffisamment », constate Layla Ben Chikh, principale d’un collège d’éducation prioritaire (REP) dans l’académie de Nice et membre du SNPDEN-UNSA. Elle-même a reçu dix-sept heures, mais il lui en faut le double pour créer un groupe à quinze en maths et en français sur les deux premiers niveaux du collège.

Le collège REP + de Julien a, quant à lui, reçu huit heures, soit de quoi créer un groupe à quinze dans les deux disciplines en 5e seulement. « On n’a pas assez pour faire des petits groupes pour tous les élèves en difficulté, et on ne nous a rien donné pour les 6e », s’insurge l’enseignant. Dans cet établissement très défavorisé, la moitié des 140 élèves de 6e ont pourtant des résultats faibles aux évaluations nationales en maths comme en lettres, une dizaine d’élèves est allophone et ne maîtrise pas le français.

Ponctionner les « marges d’autonomie »

D’autres établissements n’ont pas assez d’enseignants pour organiser les heures de maths et de français au même moment, afin de pouvoir répartir les élèves de plusieurs classes dans les groupes. « J’ai quatre classes de 6e à partir desquelles je dois créer cinq groupes, mais je n’ai que trois profs de maths, donc ils ne pourront pas prendre tous les groupes au même moment et il me faut plus de moyens que prévu par le rectorat », explique Audrey Chanonat, principale de collège à Cognac (Charente) et secrétaire nationale du SNPDEN-UNSA.

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