Close

A Denver, ville américaine débordée par l’afflux de migrants, la solidarité de la population malgré la crainte des « immigrants illégaux »

Rosalinda a posté les étapes du voyage sur TikTok. La traversée de la « selva », la jungle : cinq jours de marche entre la Colombie et le Panama. La famille sur le toit du train de marchandises, au Mexique. La petite Isabel, 3 ans, à qui l’on a présenté l’affaire comme un road trip, qui s’émerveille à la vue des singes. Michelle, l’aînée, 14 ans, terrorisée, qui s’accroche aux wagons. « Elle a pleuré jusqu’à la frontière américaine », se souvient la maman.

Isabel, la plus jeune des trois enfants de Rosalinda Rodriguez et Miguel Arroyo, à la Mullen House, où la famille s’est installée, à Denver (Colorado), le 13 février 2024.

Quatre mois ont passé. Rosalinda montre ses photos à la cafétéria du centre où elle est hébergée, à Denver (Colorado). La grande a intégré l’école, la petite joue sous la table avec un pot de yaourt vide. Mullen House, une ancienne maison de retraite tenue par les Petites Sœurs des pauvres, est un havre de sécurité. Fin décembre 2023, à la demande de la municipalité, l’archidiocèse a aménagé 95 chambres pour les migrants. Tous ou presque sont originaires du Venezuela. Beaucoup ont passé quelques années en Equateur ou en Colombie, avant de se lancer sur la route de l’exil vers les Etats-Unis.

Miguel Arroyo, 33 ans, et Rosalinda Rodriguez, 32 ans, sont arrivés le 14 novembre 2023. Légalement, ils n’ont pas droit au Temporary Protected Status, le sauf-conduit humanitaire accordé, jusqu’au 31 juillet, aux Vénézuéliens. Leur demande d’asile ne sera étudiée par un juge que le 16 avril 2029, dans plus de cinq ans, selon la convocation qui figure sur leur récépissé. D’ici là, Miguel a peu de chances d’obtenir un permis de travail, mais peu importe. Il a déjà téléchargé l’application Sitefotos, qui permet de recenser les trottoirs à déneiger. Vingt-cinq dollars (23 euros) l’heure, soit 10 dollars de plus que le salaire minimum dans le Colorado.

Dans la cour du Western Motor Inn, à Denver (Colorado), le 12 février 2024. Pour les nouveaux arrivants, à la recherche de petits travaux, les tempêtes de neige sont une bénédiction.

Les migrants supplient qu’on les laisse travailler. Dans l’Etat, 160 000 emplois sont vacants. « On reçoit des appels de tout le pays, d’entreprises qui veulent qu’on leur envoie de la main-d’œuvre, relate Terry Peltes, l’un des responsables de Catholic Charities, l’association caritative de l’archidiocèse de Denver. Et elles ne sont pas toutes regardantes sur la réglementation. »

Le maire appelle au secours

Avec 710 000 habitants, la capitale du Colorado est la ville américaine qui a absorbé le plus grand nombre de migrants, proportionnellement à sa population : plus de 38 500 en un peu plus d’un an. Les premiers bus sont arrivés du Texas en mai 2023, affrétés par le gouverneur républicain, Greg Abbott, pressé de reporter le fardeau des migrants sur les villes démocrates. En décembre, la municipalité a compté 144 charters en provenance du Texas. Les chauffeurs ne déposent pas les arrivants devant un refuge, mais sur les marches du Capitole : « pour les images des clips vidéo des républicains, dénonce Amy Golden, cofondatrice du groupe Denver Moms for Social Justice. C’est cruel. Tellement petit ».

Il vous reste 80% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top