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L’intelligence artificielle pour prévenir la fraude scientifique

Vie des labos. L’Institut Dana-Farber, à Boston, l’un des principaux pôles américains de recherche en cancérologie, affilié à l’université Harvard, fait face à une crise majeure mettant en jeu sa réputation et sa crédibilité : il vient de demander la rétractation de six articles scientifiques, signés par certains de ses membres dirigeants, et des corrections pour des dizaines d’autres. Ces mesures interviennent après qu’un biologiste britannique, Sholto David, a décrit sur le site du chasseur de fraude allemand Leonid Schneider des manipulations d’images suspectes dans 58 études émanant de Dana-Farber.

Cela aurait-il pu arriver si les revues qui ont publié les articles litigieux depuis une vingtaine d’années avaient disposé d’outils d’intelligence artificielle (IA) pour détecter en amont ces manipulations d’images ?

Dans son premier éditorial de l’année 2024, Holden Thorp, rédacteur en chef de la revue américaine Science et des journaux associés, annonce, en tout cas, avoir adopté cette innovation : les manuscrits soumis à ces publications seront désormais passés au filtre d’un tel logiciel, baptisé Proofig. « Cela devrait aider à détecter à la fois les simples erreurs et les activités frauduleuses avant de décider de publier », explique Holden Thorp. Une nécessité, en raison de récents « incidents » qui ont érodé la confiance du public envers les scientifiques et nui à la carrière de certains d’entre eux, « qui n’avaient pas détecté des images truquées provenant de leurs propres laboratoires ».

Déjà adopté par d’autres éditeurs scientifiques, Proofig a prouvé sa capacité à détecter des « figures problématiques », indique Holden Thorp. Il rappelle que, depuis déjà sept années, Science fait appel à un autre logiciel, iThenticate, pour détecter les plagiats. Si l’IA est mise à contribution pour détecter les altérations d’images, les humains gardent la main sur l’analyse et la décision finale. Science utilisera aussi Proofig pour analyser rétrospectivement des articles dont l’intégrité pourrait être mise en cause.

Exemple de duplication frauduleuse d’une partie d’image en microscopie, repérée par le logiciel Proofig.

Dror Kolodkin-Gal est le créateur de Proofig, une start-up israélienne qui compte plus d’une vingtaine de salariés. Cet ancien chercheur a été frappé, au cours de sa carrière, par le fait que la réputation des meilleurs scientifiques pouvait être ternie « par des erreurs toutes bêtes de duplication d’images », non intentionnelles. « Il était pour moi incompréhensible qu’il n’y ait pas d’outils de contrôle qualité pour des travaux qui demandent parfois des années d’efforts et des millions de dollars d’investissement. » Il a fini par se décider à le créer.

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