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« Les agriculteurs subissent les contradictions d’une Europe qui ne sait plus comment se positionner dans la mondialisation »

La contestation agricole s’installe partout en Europe et la France ne fait désormais plus exception, avec des manifestations qui se généralisent à l’ensemble du pays. Cette crise agricole vient de loin et elle prend ses racines dans une maltraitance généralisée.

Depuis plus de trente ans, les agriculteurs subissent de fortes pressions économiques de la part des industriels de l’agroalimentaire et des grands distributeurs qui cherchent à faire baisser le coût de l’alimentation. Entre 1990 et 2022, nous avons connu une baisse constante du prix d’achat des matières premières agricoles (lait et viande principalement), dont ils ont été les premières victimes.

Si les choses se sont légèrement améliorées avec la mise en place de la loi EGalim [pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous], les agriculteurs craignent qu’avec l’inflation que nous connaissons actuellement, ils ne subissent de plein fouet des pressions et des manœuvres abusives de la part des distributeurs et des industriels, qui vont chercher à tirer les prix d’achat vers le bas au profit du consommateur. Les agriculteurs ne veulent pas servir d’amortisseur face à la lutte contre l’inflation.

Multiplication des normes

Il fut un temps ou l’Europe et la politique agricole commune (PAC) protégeaient les agriculteurs des marchés mondiaux avec des mécanismes régulateurs et des protections réglementaires. Ces protections ont volé en éclats à partir des années 1990, avec la libéralisation et l’ouverture à tous les vents du marché communautaire.

Depuis cette date, l’agriculture française et européenne subit les assauts constants de pays producteurs à bas coûts de main-d’œuvre et moins-disants d’un point de vue environnemental. Les traités CETA [accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada] et Mercosur [Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay] sont emblématiques de cette Europe déboussolée, qui exacerbe la concurrence et le dumping social et environnemental en matière de pratiques agricoles.

A cette ouverture du marché agricole commun à des pays tiers, il faut ajouter la multiplication des normes et des règlements que les agriculteurs doivent respecter sous peine de se voir supprimer les aides auxquelles ils ont droit. Concurrence déloyale d’un côté et pression réglementaire exacerbée de l’autre, les agriculteurs subissent directement les contradictions d’une Europe qui ne sait plus comment se positionner dans la mondialisation et le leur fait payer.

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