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Marine Le Pen se rapproche de Giorgia Meloni et prend ses distances avec l’AfD allemande

Marine Le Pen et Jean-Paul Garraud, chef de file de la délégation du RN au Parlement européen, lors des vœux à la presse de Jordan Bardella, à Paris, le 15 janvier 2024.

Longtemps distantes, voire hostiles l’une envers l’autre, Marine Le Pen et la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, s’observent et commencent à se faire signe. Alors qu’avance la campagne des élections européennes de juin et que les conjectures sur les futurs équilibres du Parlement de Strasbourg occupent les esprits de manière toujours plus pressante, les signes d’une ouverture entre les deux dirigeantes d’extrême droite se manifestent à Paris comme à Rome.

Le 4 janvier, c’est la cheffe de file du parti Fratelli d’Italia qui a fait le premier pas lors de sa conférence de presse annuelle, grand moment programmatique où elle a fixé ses orientations des douze mois à venir. Répondant à une question sur d’éventuelles alliances post-électorales avec le Rassemblement national (RN) ou avec Alternative pour l’Allemagne (AfD), Mme Meloni a opéré une distinction entre les deux formations d’extrême droite. Ecartant d’emblée l’AfD, dont elle s’est dite séparée par des « distances insurmontables » en raison de son positionnement prorusse, elle a loué le « raisonnement intéressant » de Marine Le Pen sur le sujet, visiblement convaincue par le virage lepéniste vis-à-vis du Kremlin.

Le mot de Giorgia Meloni n’est pas passé inaperçu dans le camp lepéniste. Avant Noël, déjà, le chef de file de la délégation du RN au Parlement européen, Jean-Paul Garraud, avait ouvert la voie à des convergences dans Il Foglio, le journal de la droite libérale italienne. « Il est évident que Meloni est extraordinairement similaire à ce que nous sommes et à ce que Le Pen représente », disait l’ancien magistrat, assurant que les deux leaders s’inspiraient l’une l’autre.

Le Pen « plus proche » de Salvini

Le 15 janvier, en marge des vœux à la presse de Jordan Bardella, Marine Le Pen se réjouissait de la possible ouverture d’une ligne de discussion avec Giorgia Meloni, plaidant pour un groupe commun avec « les Italiens et le Fidesz » de Viktor Orban. L’hypothèse n’est pas prise très au sérieux au sein de l’actuel groupe des eurodéputés RN (ID, pour Identité et démocratie), où l’on considère cet attelage irréaliste. Il est même jugé peu souhaitable par un député RN de premier plan, qui trouve Mme Meloni « trop libérale et réactionnaire », et par les eurodéputés RN les plus russophiles, rebutés par l’atlantisme de la présidente du conseil.

Le ton est toutefois remarquablement différent de celui employé en septembre 2023 par Marine Le Pen, lorsque les arrivées de bateaux de fortune se multipliaient sur les rives de Lampedusa, poussant Giorgia Meloni et Ursula von der Leyen à s’y rendre ensemble. La leader de l’extrême droite française moquait alors, devant la presse, « ces gens qui se disent patriotes et en appellent à l’Union européenne. On se sent clairement plus proche de la vision de Matteo Salvini que de la vision de Mme Meloni, même si l’on préfère Mme Meloni à ses prédécesseurs. L’un est beaucoup plus proche de notre vision que l’autre ».

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