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Infertilité : la délicate question de la prévention

Comment faire de la prévention sur le sujet de l’infertilité ? Le terrain est glissant et la question, complexe, tant elle touche à l’intime. L’exécutif s’en est néanmoins saisi, à l’heure où 3 millions de personnes sont concernées en France. Dans le sillage de l’annonce faite par Emmanuel Macron, le 16 janvier, d’un plan contre ce « fléau » qualifié de « tabou du siècle », engagement a été pris d’introduire des consultations sur l’infertilité à 25 ans, avec un examen gynécologique proposé aux femmes et un spermogramme pour les hommes. Levier d’un « réarmement démographique » appelé de ses vœux par le président de la République, la mesure n’en a pas moins suscité de vives réactions parmi les médecins : dépister la fertilité ou l’infertilité à cet âge, avec ce type d’examen et en dehors d’un projet parental, n’a, pour eux, guère de sens.

L’idée est de s’adosser aux « bilans prévention », ces rendez-vous promis par le gouvernement aux âges-clés de la vie, dont la tranche des 18-25 ans, pour laquelle le déploiement est attendu prochainement. L’occasion de « sensibiliser » et de « faire prendre conscience plus en amont » de ces problématiques, précise-t-on à l’Elysée, en assurant qu’il ne s’agira pas d’une obligation.

Le coup de projecteur a beau être salué sur cet « enjeu de santé publique », « angle mort des pouvoirs publics », comme le soulignait le rapport remis en 2022 par le professeur Samir Hamamah, l’incompréhension domine. « C’est beaucoup trop tôt. Ce rendez-vous à 25 ans, ça n’a pas de sens, on ne comprend pas d’où ça sort », réagit M. Hamamah, à la tête du service de biologie de la reproduction au centre hospitalier universitaire de Montpellier. Dans son rapport, qui devait inspirer « une grande stratégie nationale » sur l’infertilité, restée jusqu’ici lettre morte, la proposition d’une consultation à 29 ans était défendue, soit proche de l’âge moyen de l’accouchement – 31 ans – et le même que celui ouvrant le droit à la « préservation de la fertilité » chez les femmes, depuis la loi de bioéthique de 2021.

Examens sans valeur prédictive

Intervenir ainsi à un âge où les « chances » de tomber enceinte sont à leur « maximum » suscite aussi des questions. « Un an, deux ans plus tard, votre santé reproductive peut en avoir pris un coup, mais vous vous direz que tout va bien », reprend le médecin. Et ces deux examens, à eux seuls, n’ont aucunement valeur de « bilan complet », souligne-t-il. Ils sont en outre, pour certains, extrêmement variables : les résultats d’un spermogramme peuvent ainsi « s’effondrer » à trois mois d’intervalle seulement.

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