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Le Pacifique veut changer la donne en matière d’accès aux financements climatiques

En ce mercredi 9 août, les chefs et dignitaires de l’unique village de l’île de Kioa, dans le nord de l’archipel des Fidji, ont pris place sur des chaises de plastique blanches posées à même le sable face à un pupitre de bois. Pendant plusieurs jours, l’ensemble de la petite communauté de 500 habitants, qui vit essentiellement d’une économie de subsistance, s’est mobilisé pour recevoir une soixantaine de représentants de vingt-huit ONG, groupes, associations et Eglises, dont quelques-unes des grandes voix locales de la lutte contre la crise climatique. Assis à quelques mètres de cette mer qui ne cesse de grignoter leurs terres, ils découvrent les résultats de leurs travaux.

Les délégués qui se succèdent au micro avaient déjà signé la Déclaration de Kioa sur l’urgence climatique, en octobre 2022, pour réaffirmer les priorités des peuples de ces Etats insulaires, en amont de la COP27, et ils avaient alors promis d’en développer le volet financier. Ils présentent aujourd’hui le Fonds Kato pour le climat de la communauté du Pacifique. Un mécanisme conçu « par et pour les communautés du Pacifique » afin de changer la donne en matière d’accès aux financements climatiques.

« Exaspérées, nos communautés ont clairement signifié que les mécanismes actuels (…) sont inaccessibles », lance l’un d’entre eux, sous le regard approbateur des habitants de Kioa, qui ont dû se tourner vers une plate-forme de financement participatif pour rassembler les quelques milliers de dollars nécessaires au renforcement d’une digue, érigée le long de la plage, pour protéger leur village de la montée des eaux.

Le Kato (« panier » en français) ambitionne de débarrasser les populations locales, souvent fragiles et isolées, du fardeau des lourdeurs administratives associées à la quasi-totalité des demandes de subvention et de travailler main dans la main avec elles afin de répondre à leurs besoins spécifiques dans les plus brefs délais.

Des représentants d’organisations de la société civile d’îles de tout le Pacifique et de Greenpeace Australie Pacifique, sur l’île de Kioa (Fidji), pour une série de réunions consacrées au changement climatique, le 8 août 2023.

« Chaque pays, chaque hameau est confronté à des problématiques différentes. Certains ont besoin de construire des digues, d’autres des centres d’évacuation, d’autres de créer des jardins surélevés en raison de la salinisation des sols, d’autres de se doter de panneaux solaires ou encore de citernes pour collecter l’eau de pluie », détaille Shiva Gounden, chargé de l’engagement communautaire pour Greenpeace Australie Pacifique.

« Communautés peu connectées »

Aujourd’hui, pratiquement toute démarche pour obtenir des fonds, que ce soit auprès des gouvernements, des ONG ou d’autres structures en place, nécessite de remplir des dossiers de plusieurs pages et prend un temps que les habitants du Pacifique n’ont pas, en particulier quand ils sont victimes de catastrophes naturelles. « Nous parlons de communautés reculées, peu connectées et dont beaucoup de membres sont illettrés », rappelle Maina Talia, un activiste qui a joué un rôle-clé dans l’organisation de cette réunion. Avec ce nouveau mécanisme, une simple photo, une vidéo voire un coup de téléphone pourraient suffire à lancer une demande.

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