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« La lutte contre le réchauffement climatique peut être un facteur de cohésion sociale »

« On a un problème de rapport à la bagnole dans ce pays », déclarait Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, en mai 2023. « La bagnole, moi, je l’adore », lui répondait en septembre de la même année le président de la République, Emmanuel Macron. Nous aurions donc à choisir un camp, pour ou contre la voiture, alors que la réponse à cette question est à l’évidence : cela dépend des situations.

Comme souvent en France, les débats enferment la pensée dans des choix binaires et prennent vite une dimension quasi religieuse : pour nombre de militants, l’automobile est un objet qu’il faut soit éradiquer, soit défendre coûte que coûte. Une approche plus agnostique pourrait se focaliser non pas sur les moyens, mais sur les objectifs d’une politique de mobilité ambitieuse, en permettant à tous de se déplacer pour aller travailler, étudier, se nourrir, se soigner, se divertir ou se rencontrer dans des délais et à des coûts raisonnables, et en diminuant fortement les émissions de dioxyde de carbone.

La voiture est devenue un objet démocratique. Selon les chiffres de l’Union routière de France, 85 % des ménages en disposent et les 15 % qui n’en ont pas sont, pour l’essentiel, des urbains bénéficiant d’alternatives. Son succès repose sur ses performances intrinsèques : elle permet d’aller partout, à toute heure, à des vitesses élevées et à des coûts acceptables. Les Français ont ainsi pu aller chercher plus loin ce qu’ils ne pouvaient trouver plus près, notamment un travail et un logement. Pour l’immense majorité des Français, la voiture est devenue une commodité : elle n’est plus un objet de différenciation sociale.

L’automobile présente cependant deux inconvénients majeurs : elle consomme beaucoup d’espace public en ville, ce qui explique les politiques déployées depuis le milieu des années 1980 avec le renouveau du tramway et, plus récemment, du vélo, qui témoigne d’un nouveau partage de la voirie. Surtout, elle est l’un des postes importants d’émissions de gaz à effet de serre.

« Toxicomanes »

La géographie de l’habitat et des emplois montre que ce sont les liens entre le périurbain et les agglomérations qui constituent l’essentiel des émissions de la voiture. C’est donc sur ces liens qu’il faudra, demain, déployer des transports publics efficaces. Partout où l’espace public n’est pas une ressource rare, notamment dans les zones rurales, c’est par la voiture électrique que nous pourrons assurer une accessibilité décarbonée.

La difficulté est que l’offre actuelle de transport en commun entre le périurbain et les agglomérations est inférieure à la demande et que la voiture électrique, encore chère, ne s’est pas « démocratisée ». Il n’est donc pas surprenant que la voiture thermique soit toujours utilisée : le seul endroit où l’on peut s’en passer est le cœur des grandes agglomérations.

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