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La Tunisie et la Libye trouvent un accord pour accueillir les migrants bloqués à la frontière

Des migrants bloqués à la frontière entre la Tunisie et la Libye, le 23 juillet 2023.

La Tunisie et la Libye ont annoncé jeudi 10 août s’être entendus pour se répartir l’accueil des migrants africains subsahariens bloqués, pour certains depuis un mois, près du poste frontière de Ras Jedir, après y avoir été conduits par la police tunisienne, selon de multiples témoignages.

Lors d’une rencontre entre les ministres de l’intérieur des deux pays à Tunis mercredi, « on s’est mis d’accord pour se partager les groupes de migrants présents sur la frontière », a confirmé à l’Agence france-Presse (AFP) un porte-parole du ministère tunisien.

Environ trois cents migrants originaires d’Afrique subsaharienne étaient encore bloqués ces derniers jours dans des conditions très précaires sur une langue de terre au bord de la mer, dans la zone tampon de Ras Jedir, ont affirmé à l’AFP des sources humanitaires. « La Tunisie va prendre en charge un groupe de 76 hommes, 42 femmes et 8 enfants », a précisé le porte-parole tunisien, Faker Bouzghaya.

C’est le ministère de l’intérieur libyen qui a le premier annoncé dans la nuit la conclusion d’un accord bilatéral « pour une solution consensuelle, afin de mettre fin à la crise des migrants irréguliers, bloqués dans la zone frontalière ». Côté tunisien, le communiqué officiel s’est borné à annoncer que le ministre tunisien Kamel Feki avait reçu son homologue libyen, Imed Trabelsi, soulignant le besoin d’une « coordination des efforts pour trouver des solutions qui tiennent compte des intérêts des deux pays ».

L’accord prévoit que les Libyens prendront en charge le reste des migrants bloqués, de 150 à 200 personnes. « Le transfert du groupe a eu lieu hier [mercredi] dans des centres d’accueil à Tataouine et Médenine avec la participation du Croissant-Rouge » tunisien (CRT), a ajouté M. Bouzghaya.

Dans un nouveau communiqué jeudi, le ministère libyen a annoncé qu’« il n’y avait plus aucun migrant irrégulier dans la zone frontalière » après l’accord bilatéral. « Des patrouilles sont organisées en coordination » entre les deux pays pour « sécuriser la frontière ».

Sans nourriture ni eau

Jusqu’à 350 personnes ont été bloquées à Ras Jedir, parmi lesquelles 12 femmes enceintes et 65 enfants et mineurs, d’après des sources humanitaires et selon lesquelles l’essentiel des aides (nourriture, eau, soins médicaux) leur était apporté depuis le 20 juillet par le Croissant-Rouge libyen avec le soutien des agences onusiennes.

Après la mort le 3 juillet d’un Tunisien lors d’une rixe avec des migrants à Sfax, épicentre de l’émigration clandestine en Tunisie, « au moins 2 000 ressortissants subsahariens » ont été « expulsés » par les forces de sécurité tunisiennes et déposés dans des zones inhospitalières aux frontières libyenne, tunisienne et algérienne, avaient rapporté plusieurs sources humanitaires à l’AFP.

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Le 12 juillet, le CRT a mis à l’abri, environ 630 personnes récupérées à Ras Jedir, selon des ONG. Il en a aussi pris en charge environ 200 autres, refoulées initialement vers l’Algérie. Mais les semaines suivantes, divers médias dont l’AFP ont documenté avec des témoignages de migrants, des gardes-frontières libyens et d’ONG, que plus de 350 migrants se trouvaient toujours à Ras Jedir.

Des centaines d’autres migrants affluent en outre en Libye, en provenance de Tunisie, à la hauteur de Al’Assah, à 40 kilomètres au sud de Ras Jedir, errant sans nourriture ni eau jusqu’à ce que des gardes libyens viennent à leur secours, a constaté une équipe de l’AFP début août.

L’ONU a dénoncé, le 1er août depuis son siège de New York, « l’expulsion de migrants de Tunisie vers la Libye », appelant à ce que « les expulsions cessent immédiatement ». Les autorités tunisiennes ont réfuté deux jours plus tard « les allégations sur des expulsions », évoquant des « imprécisions voire des contrevérités ».

Depuis début juillet, « au moins 27 migrants » sont morts dans ce désert et « 73 sont portés disparus », a affirmé cette source. La Libye, qui compte sur son sol plus de 600 000 migrants, a elle été épinglée par plusieurs rapports de l’ONU sur de graves violences à leur encontre.

Le Monde avec AFP

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