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« L’accélération des investissements industriels en Chine est un risque majeur pour l’équilibre macroéconomique mondial »

C’est un passage de témoin symbolique : le sponsor officiel de l’Euro de football, qui aura lieu de mi-juin à mi-juillet en Allemagne, sera la marque chinoise de voitures électriques BYD. Lors de la précédente édition, c’était l’allemand Volkswagen. La Chine n’a pas encore conquis l’Europe, mais elle y plante déjà sa bannière.

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Ces derniers jours, les projecteurs étaient braqués sur le ralentissement de la croissance chinoise, qui est plombée par la crise du secteur immobilier. Pour compenser ce passage à vide, le pays multiplie les investissements industriels, renforçant ainsi comme jamais son arsenal d’exportations, dont la voiture électrique constitue le porte-étendard.

Cette stratégie n’est que la continuation de celle qui a permis à la Chine de se développer de façon fulgurante depuis vingt ans, mais son accélération constitue un risque majeur pour l’équilibre macroéconomique mondial. Une crise de surproduction menace, avec, à la clé, un renforcement des tensions commerciales.

Dans un contexte chinois de ralentissement économique et de déflation, les données statistiques ont de quoi surprendre. En un an, les investissements dans la métallurgie, dans la voiture électrique ou les équipements électriques affichent des progressions à deux chiffres. Même si les caractéristiques de l’« usine du monde » ont évolué, celle-ci continue de tourner à plein régime avec l’ambition de se doter d’une chaîne d’approvisionnement complète, autosuffisante dans les technologies de pointe, tout en s’imposant comme l’acteur central de la décarbonation.

Vague massive d’exportations

Le premier ministre chinois, Li Qiang, a eu beau appeler au Forum de Davos, mi-janvier, à la coordination des politiques économiques et à « renforcer la spécialisation » des pays, la réalité est plus brutale. « La Chine veut être l’Amazon des pays », résume Damien Ma, cofondateur du groupe de réflexion américain MacroPolo, cité par Bloomberg. A l’image du distributeur américain, qui vend de tout, « la Chine veut être le pays qui fabrique tout ».

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A ce stade, le rééquilibrage de l’économie chinoise vers un modèle moins tourné vers l’investissement et l’export au profit de la consommation intérieure est resté à l’état d’ébauche. Le crédit et l’épargne, faute de pouvoir s’investir dans l’immobilier, sont désormais sollicités pour soutenir massivement la production industrielle dans une sorte de fuite en avant. « Compte tenu de la structure actuelle de son économie, la Chine s’attend à ce qu’au cours de la prochaine décennie, sa part dans le secteur manufacturier mondial augmente deux fois plus vite que sa part dans le PIB mondial, et trois à quatre fois plus vite que sa part dans la consommation mondiale », anticipe Michael Pettis, professeur de finance à l’université de Pékin, sur le réseau social X.

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