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Dans les collèges, la mise en place du théâtre, « passage obligé » voulu par le président Macron, inquiète

Le théâtre sera-t-il obligatoire au collège à la rentrée ? Lors de sa conférence de presse du 16 janvier, Emmanuel Macron a déclaré souhaiter « que le théâtre devienne un passage obligé au collège dès la rentrée prochaine parce que cela donne confiance ». « Cela apprend l’oralité, le contact aux grands textes », a-t-il poursuivi. « L’histoire de l’art retrouvera sa place à la rentrée prochaine au collège et au lycée », a-t-il ajouté.

Les syndicats d’enseignants et de chefs d’établissement se demandent comment cette mise en place est possible à si brève échéance. « Il y a un petit vent de panique chez les collègues de musique et d’arts plastiques », assure Sophie Vénétitay, du SNES-FSU. « Aujourd’hui, il y a deux heures dans les grilles horaires du collège, une heure de musique et une heure d’arts plastiques. On craint qu’il puisse s’agir de partager en quatre un volume horaire réparti entre deux disciplines jusqu’ici. »

En effet, les budgets pour la rentrée 2024, date à laquelle le président Macron voudrait voir arriver le théâtre dans les collèges, sont déjà votés, et commencent à être distribués dans les établissements – non sans causer quelques sueurs froides aux principaux, qui doivent organiser les nouveaux groupes de niveau en 6e et en 5e. « Qu’on nous donne les heures, et on en reparle, tranche Bruno Bobkiewicz, le secrétaire général du SNPDEN-UNSA, syndicat majoritaire des chefs d’établissement. Les collègues ne savent pas comment ils vont financer les groupes de niveau. Le théâtre et l’histoire de l’art, on verra plus tard. »

Sur le temps périscolaire ?

Questionné sur ce point par le SNES-FSU, le cabinet de la ministre a assuré revenir vers les syndicats en temps voulu. « Quelles que soient les hypothèses qu’on fait, on a des inquiétudes, surtout vu la temporalité des annonces qui viennent percuter la préparation de rentrée », s’inquiète Sophie Vénétitay.

L’autre hypothèse est « l’externalisation », c’est-à-dire l’instauration du théâtre sur le temps périscolaire. Une idée qui pourrait s’articuler avec le nouveau dispositif « 8 heures – 18 heures », l’accueil tout au long de la journée dans les collèges de l’éducation prioritaire, annoncée durant l’été 2023. Mais quid des autres établissements – et sous la responsabilité de quels adultes ?

« En lisant entre les lignes, il pourrait s’agir d’organiser du théâtre avec des animateurs, qui relèvent donc des collectivités », devine Delphine Labails, maire socialiste de Périgueux et responsable éducation à l’Association des maires de France. « Soit on fait porter le dispositif par le secteur socioculturel, mais il n’y a pas de budget de notre côté, prévient l’élue, soit un dispositif est pensé par le ministère de la culture, avec les acteurs culturels du territoire. » Chez les enseignants, cette hypothèse inquiète. « Le théâtre est une discipline qui peut être choisie en option, et même en spécialité, au lycée. L’organiser sur le temps périscolaire pourrait lui faire perdre ce statut », pointe Sophie Vénétitay.

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