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Nouveau gouvernement : incontournable, le RN reste secret sur ses intentions

Malgré l’échec de son « plan Matignon », le Rassemblement national apparaît incontournable dans une Assemblée fragmentée, fort d’un contingent en nette progression. Mais le parti lepéniste, hostile au Nouveau Front populaire, entretient le flou sur ses intentions vis-à-vis du futur gouvernement.

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Passée la déception des législatives anticipées, qui ont éteint leurs espoirs de majorité absolue à l’Assemblée, Jordan Bardella et Marine Le Pen font leur rentrée lundi 26 août à l’Élysée, où Emmanuel Macron les convie après les autres patrons de parti et de groupe parlementaire.

Inscrits dans l’opposition et sans volonté de participer au futur gouvernement, les deux têtes d’affiches du RN n’ont pas grand chose à espérer de ce rendez-vous, déjà qualifié par leurs troupes d' »artifice de communication » macroniste.

Elles insisteront néanmoins auprès du président sur la nécessité d’utiliser « d’autres méthodes de gouvernement », comme le référendum pour sortir du blocage parlementaire, glisse-t-on au sein du RN. « Si l’Assemblée ne peut dégager de majorité, les Français en seront capables », explique-t-on encore.

Cette réunion sera aussi l’occasion de rappeler qu’avec 126 députés – 142 avec ses alliés proches d’Éric Ciotti – contre 89 dans la précédente législature, le parti à la flamme entend peser dans l’hémicycle.

« On ne s’opposera pas à tout »

Le groupe RN est « assez nombreux », en effet, « pour déposer des motions de censure », voire « pour faire adopter » celles qui émaneraient d’autres groupes, a prévenu la vice-présidente du RN Edwige Diaz sur France Info mardi.

L’avertissement vaut tout particulièrement pour le NFP et sa candidate pour Matignon Lucie Castets.

Début juillet, Marine Le Pen s’était montrée très claire : « Il y a une chose qui est sûre : le groupe RN censurera tout gouvernement où des LFI et des écologistes auraient des responsabilités ministérielles. »

L’inconnue réside plutôt dans la posture du RN face à l’hypothèse d’un Premier ministre de centre-droit ou de centre-gauche, l’option qui semble tenir la corde actuellement dans les rangs macronistes.

« Notre ligne rouge, c’est un gouvernement LFI ou écologiste. Pour le reste, on se posera la question. Nous sommes responsables et comme lors de la précédente législature on ne s’opposera pas à tout », affirme à l’AFP Thomas Ménagé, député du Loiret.

« La censure a un sens en politique. L’utiliser comme on utiliserait un rappel au règlement pour guignoliser l’Assemblée, ce n’est pas notre méthode, c’est celle de LFI », glisse le député Franck Allisio, qui prône une stratégie d' »opposition claire et déterminée, mais responsable et digne ».

« Pas dans un esprit de revanche »

Le RN n’a pas été destinataire du « pacte d’action » du camp présidentiel, une base de travail concoctée mi-août pour faire émerger un accord gouvernemental plus large.

Mais ses dirigeants sont bien conviés à l’Élysée par le président de la République, de même que leur nouvel allié Éric Ciotti, reçu dans la foulée la même journée.

« Marine Le Pen ne dit rien, mais le président veut tous les mettre face à leurs responsabilités institutionnelles », se justifie-t-on au sommet de l’État.

« Il faudra bien discuter avec eux », pointe pour sa part un cadre du bloc central, qui craint que certains à l’extrême droite soient tentés de « jouer la politique du pire ».

Adepte des coups d’éclat inattendus, le groupe RN reviendra-t-il au Palais Bourbon animé d’un sentiment de revanche, après avoir été écarté de tous les postes à responsabilité à l’Assemblée ?

« On sera sans doute un peu moins conciliants face à ce mépris de nos électeurs. Mais nous ne sommes pas dans un esprit de revanche », évacue Thomas Ménagé. « Pour nous, l’important sera de faire basculer les projets de loi du bon côté. Tout le monde va devoir réaliser que le sort de nombreux textes dépendra de notre vote. »

À plus long terme, tous ont les yeux rivés sur les prochaines échéances électorales, et misent déjà sur une nouvelle dissolution de l’Assemblée l’été prochain.

C’est « la seule issue politique possible » pour sortir la France de la « paralysie », insiste Edwige Diaz, assurant que le RN était déjà « en train de préparer ces nouvelles élections ».

D’ici là, un premier rendez-vous est pris : le 31 octobre pour la niche parlementaire du groupe. Le RN promet de mettre sur la table un sujet brûlant : l’abrogation de la réforme des retraites…

AFP

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