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Derrière le budget 2025, la menace d’une crise politique

La France aura-t-elle un budget en 2025 ? Pas si sûr. Alors que le gouvernement devrait être en train d’affiner les derniers chiffres après la virgule, la préparation du projet de loi de finances ne cesse de prendre du retard et l’incroyable hypothèse d’un pays sans budget au 1er janvier 2025 ne paraît plus totalement irréaliste. « Aboutir à une impasse et se retrouver sans budget, oui, un séisme de ce type-là est possible », admet Eric Coquerel, président (La France insoumise, LFI) de la commission des finances à l’Assemblée nationale.

« A part deux ou trois fous, personne ne le souhaite, mais le risque existe », confirme son vice-président, Philippe Brun, député (Parti socialiste, PS) de l’Eure. Une menace suivie de près par les marchés financiers, où l’écart de taux entre les rendements français et allemand à dix ans, le fameux « spread », campe à un niveau record depuis la mi-juin, un signe de la défiance des investisseurs envers la France.

Du fait de la crise provoquée par Emmanuel Macron avec la dissolution de l’Assemblée nationale, une première étape-clé dans l’élaboration du budget a déjà été ratée. En principe, les arbitrages politiques sont rendus entre le 1er juin et la mi-juillet, de façon que le gouvernement présente les premières lignes du budget, côté dépenses, « avant le 15 juillet », comme le prévoit la loi organique relative aux lois de finances. Cette année, les arbitrages avaient à peine débuté que la dissolution, annoncée le 9 juin, les a stoppés net.

Pris par les élections législatives puis démissionnaire après les avoir perdues, le gouvernement de Gabriel Attal n’a pas remis au Parlement le document prévu dans les temps. Un mois après la date légale, le texte n’est toujours pas disponible. Bercy évoque sa possible diffusion vers « la fin du mois d’août ».

Gabriel Attal a tranché

Une deuxième étape a tardé elle aussi : l’envoi aux ministères des lettres fixant leurs futurs plafonds de dépenses. Ces lettres, issues des discussions entre Bercy et les différents ministres, sont traditionnellement envoyées par Matignon début août. Cette année, le ministre des comptes publics, Thomas Cazenave, avait entamé le travail en s’entretenant avec ses collègues Stanislas Guerini, ministre de la fonction publique, et Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports, quand la dissolution a tout suspendu.

Depuis, plus question pour le gouvernement démissionnaire de prendre des décisions politiques. Pour ne pas bloquer la très complexe mécanique budgétaire, Thomas Cazenave et son ministre de tutelle, Bruno Le Maire, chargé de l’économie et des finances, ont néanmoins préparé des « lettres plafonds » et les ont transmises à Matignon, fin juillet. Elles conduiraient à une baisse des crédits de l’Etat en 2025, pour « tenir la trajectoire » de redressement des comptes publics, précise l’entourage de Bruno Le Maire.

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