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Coqueluche : à l’hôpital de Colombes, une épidémie « très inhabituelle par son ampleur et sa durée »

Dans les bras de sa maman, Neïla, 6 mois, prend son biberon. Une bulle de tendresse, à peine troublée par les trois fils qui sortent de son body. Ils relient des électrodes, sur la poitrine du nourrisson, à un moniteur de surveillance (scope) qui enregistre en temps réel, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, son rythme cardiaque et sa fréquence respiratoire. Un capteur, scotché sur le talon, mesure le taux d’oxygène dans le sang.

Ce jeudi 1er août, la mère et l’enfant prennent leur mal en patience dans une chambre du service de pédiatrie de l’hôpital Louis-Mourier, à Colombes (Hauts-de-Seine), un établissement de l’Assistance-publique des hôpitaux de Paris (AP-HP). « Depuis trois semaines, ma fille avait de grosses quintes de toux mais pas de fièvre. Elle ne s’alimentait plus, ne dormait plus, dépérissait de jour en jour », raconte Zineb, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.

Dans un couloir du service pédiatrie de l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP), à Colombes (Hauts-de-Seine), le 1ᵉʳ août 2024.
Le chef du service de pédiatrie, Romain Basmaci, dans son bureau, à l’hôpital Louis-Mourier (AP-HP), à Colombes (Hauts-de-Seine), le 1ᵉʳ août 2024.

Au début, ni le médecin traitant, ni le SAMU, ni les urgences de Louis-Mourier ne s’alarment ; seule préconisation, des lavages de nez. Le 28 juillet, la mère, inquiète, emmène de nouveau sa fille aux urgences. « Là, Neïla a fait une quinte de toux si impressionnante qu’elle a tout de suite été prise en charge. »

Longs accès compulsifs de toux sèche

Un test diagnostique (PCR multiplex) est aussitôt réalisé pour rechercher plusieurs infections respiratoires : grippe, bronchiolite… « En moins de deux heures, nous avons reçu le diagnostic de coqueluche », indique Romain Basmaci, chef du service de pédiatrie de Louis-Mourier. Ailleurs, une telle rapidité n’est pas toujours la règle : la bactérie qui cause la maladie, Bordetella pertussis, provoque une épidémie telle, depuis le début de l’année en France, qu’il est arrivé que les circuits de tests soient engorgés dans des laboratoires de ville, les résultats n’étant alors délivrés qu’au bout de dix à quinze jours.

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Le diagnostic posé, Neïla est aussitôt hospitalisée en pédiatrie, où elle est placée sous surveillance étroite et constante. Le risque redouté ? Les complications liées aux quintes de toux qui caractérisent cette infection : de longs accès compulsifs de toux sèche, jusqu’à ce que le patient reprenne enfin souffle, en une inspiration bruyante évoquant le chant du coq – d’où le nom de la maladie. « Ces quintes de toux sont épuisantes et peuvent, chez les tout-petits, provoquer une apnée sévère et une détresse respiratoire, un risque qui ne prévient pas », avertit Romain Basmaci.

Jeudi, dans les bras de sa maman, Neïla est soudain secouée d’une violente quinte. Son crâne devient cramoisi, une alarme retentit dans le poste des infirmières. Sur l’écran du scope, les courbes des paramètres vitaux se dégradent. La saturation du sang en oxygène, normalement supérieure à 95 %, chute à 84 % ; la fréquence cardiaque, qui ne dépasse pas 160 battements par minute chez un nourrisson au repos, grimpe à 200. Une infirmière accourt, mais les paramètres de la petite se normalisent tout seuls, progressivement. « Neïla a repris du poids aujourd’hui, j’espère que c’est la fin du cauchemar », dit sa maman.

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